Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020
déroulements scéniques ainsi que les faits et gestes de la princesse
tout au long de son opéra par le biais de didascalies.
Néanmoins, le compositeur conserve les nombreuses comparaisons et
métaphores que Wilde fait tout au long de sa pièce, qu’elles soient de
source biblique, historique ou littéraire.
Dans sa pièce de théâtre, le dramaturge fait notamment de constantes
allusions à la Bible et ce, principalement au travers des propos de
Iokanaan. Elles seront en majeure partie conservées par le
compositeur dans son opéra. Néanmoins, les rappels évangéliques des
personnages secondaires (notamment Tigellin et les deux nazaréens
sur les miracles de Jésus) ont été supprimés, ces protagonistes
n’existant pas dans l’opéra.
On note également de la part de Wilde de nombreuses allusions
historiques dans sa pièce. Par exemple, l’utilisation de noms de
personnages ou de courants de pensée qui ont existé dans l’Antiquité
mais qui n’ont dans leur récit aucune parenté avec celui de Salomé
(Tigellin, Manassé, Issachar et Ozias, Naaman, les Pharisiens, les
Sadducéens, les Nazaréens). Mariotte ne conservera qu’une partie de
ces références (Manassé, Issachar et Osias (dont il change
l’orthographe), les soi-disant rois qu’Hérode incite à se cacher et
Naaman). Il fait également référence à des pays ou régions ayant
valeur historique comme Tyr : « On dirait des trous noirs laissés par
des flambeaux sur une tapisserie de Tyr 1 » ou encore la Chine et la
Mésopotamie dans cette réplique d’Hérode : « J’ai des manteaux qui
1 WILDE, Oscar, Salomé, op. cit., p. 75. Tyr était une ville se situant en Phénicie, connue pour son commerce et son
industrie du textile et plus particulièrement la fabrication des couleurs, dont le pourpre, une couleur considérée comme
néfaste par la Bible et dont Wilde usera tout au long de sa pièce.
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