Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020
prostituée » et « que les guerriers la percent de leurs épées ! qu’ils
l’écrasent sous leurs boucliers !! » La danse voluptueuse de Salomé
dérange, la princesse doit mourir pour « l’ardeur de sa danse » exposée
aux yeux de tous.
La nouveauté de la Salomé de Wilde résidant en grande partie dans les
choix de la princesse (elle n’est plus la petite fille des Évangiles
soumise aux injonctions de sa mère, c’est elle qui aime, désire et
décide de tout), Wilde se sert explicitement de certaines de ses
répliques pour exposer sa démarche. Elles ne sont en revanche pas
conservées par Mariotte chez qui les différentes oppositions mère-fille
semblent être effacées à plusieurs reprises et notamment lors de cette
sixième scène :
Oscar Wilde
Antoine Mariotte
Non, non, Salomé. Vous ne Non ! Non ! Salomé. Vous ne
me demandez pas cela. N’écoutez demandez pas cela.
pas votre mère. Elle vous
donne toujours de mauvais
conseils. Il ne faut pas l’écouter.
Je n’écoute pas ma mère. C’est
Je demande la tête d’Iokanaan !
pour mon propre plaisir que je
demande la tête d’Iokanaan dans
un bassin d’argent. Vous avez
juré, Hérode. N’oubliez pas que
vous avez juré.
Pour son livret, Mariotte enlève aussi deux répliques du Roi
condamnant sa femme, l’une au début de la scène : « Vous voyez
qu’elle a dansé pour moi, votre fille » et l’autre à la fin, lorsque Hérode
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