Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020
Cela sera également le cas lors de la scène suivante : alors que Wilde
ne donne comme indications que ces deux courtes phrases : « Le
prophète sort de la citerne. Salomé le regarde et recule », Mariotte note
au contraire :
Le Page et le syrien se tiennent immobiles, accoudés à la balustrade
de l’escalier comme au début de l’action. Le Page angoissé pour son
ami, celui-ci absorbé par son rêve d’amour pour Salomé.
Cependant Salomé, frémissante, attend la sortie de Iokanaan et
tourne avec impatience autour de la citerne.
Enfin les soldats remontent et l’on voit apparaître au-dessus du
puits la tête du prophète. Salomé tressaille et le regarde avidement
tandis qu’il achève de sortir de la citerne.
Iokanaan descend enfin lentement sur scène, l’air inspiré et
prophétique, sans regarder personne.
Les soldats s’écartent sur son passage. Salomé elle-même recule du
côté du jeune syrien.
Aucun fait ni geste des protagonistes ne sont laissés au hasard par
Mariotte, tout est précisé avec minutie. Ces descriptions nous
permettent cependant de mieux cerner les différents caractères des
personnages, tel que le compositeur les ressentait, brossant des
portraits psychologiques.
Autre moment important, la danse des sept voiles est très brièvement
indiquée par Wilde dans sa pièce, par la simple didascalie : « Salomé
danse la danse des sept voiles ». Au contraire, Mariotte écrit une
description du déroulement de la scène et ajoute une réplique de
Iokanaan demandant la lapidation par le peuple de « l’impudique, la
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