RUE DES BEAUX ARTS 70 n°70 | Page 35

Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020 Stapfer 1 . À droite, le grand escalier est toujours présent, mais c’est lui qui nous mène à la «  salle de festin brillamment éclairée  ». La citerne est quant à elle déplacée au fond de la scène, entourée comme chez Wilde d’un mur de bronze vert. L’action se déroule également la nuit et la lune prend dès cette première scène de l’opéra une importance fondamentale, mettant dès lors en avant son pouvoir réflecteur  : «  la lune éclaire la scène, et fait briller les armures blanches des gardes ». Dans cette première scène, Mariotte établit de larges coupures de la pièce originale : le compositeur et librettiste débute véritablement avec l’entrée de la voix de Iokanaan prédisant la venue du Messie et les deux soldats présentent ce personnage, là encore de manière détournée. Le livret reprend ensuite la première discussion du Page et de Narraboth, portant sur la lune, et présente au tout début de cette scène chez Wilde. Dans la pièce, la princesse rentre sur scène sans indications scéniques précises alors que chez Mariotte, elle paraît tout d’abord en haut de l’escalier après être sortie de la salle du festin et «  s’évente nerveusement » avant de descendre les marches. 1 «  C’était un énorme château-fort situé à soixante stades du Jourdain sur des rochers de basalte d’une effrayante hauteur. (…) Elle avait des murailles de cent vingt coudées, des créneaux et des tours  ; dans l’intérieur, des appartements royaux qu’Antipas venait quelquefois habiter et, au-dessous, des souterrains qui servaient de prison. La vue que l’on avait du sommet des tours était merveilleuse  ; au Sud, les contours de la mer Morte, avec Engaddi et Hébron, puis, en remontant à l’Ouest, les monts de la Judée au milieu desquels se détachait Jérusalem dont on apercevait le palais d’Hérode, et le temple dominé par l’énorme tour Antonia  ; à droite Jéricho et sa forêt de palmiers toujours verts, puis le Jourdain dont le ruban d’un bleu grisâtre se déroulait sur la plaine. » STAPFER, Edmond-Louis, La Palestine au temps de Jésus-Christ d’après le Nouveau Testament, l’historien Flavius Josèphe et les Talmuds, 3 e éd. revue et corrigée, Paris, Librairie Fischbacher, 1885, p. 48-49. 35