Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020
2 – L’adaptation du livret
Comme nous avons pu le constater, Mariotte reprend son livret de la
pièce d’Oscar Wilde qui servira simultanément à la création d’un autre
opéra en Allemagne. Néanmoins, les deux livrets sont différents 1 .
Mariotte demeure un peu plus proche de la pièce originale que
Strauss, même s’il en modifie la dramatisation et la vision de certains
personnages en effectuant de nombreuses coupures pour son livret
d’opéra. À travers une analyse comparative de quelques scènes de la
pièce de Wilde et du livret de Mariotte, nous verrons quelques
exemples de modifications apportées par le compositeur.
Toute la tragédie d’Antoine Mariotte tourne autour de cinq
protagonistes centraux : Salomé (soprano ou mezzo-soprano),
Iokanaan (baryton), Hérode (baryton), Hérodias (soprano) et le jeune
syrien Narraboth (ténor) auquel s’adjoignent trois autres personnages :
le premier Soldat (baryton), le second Soldat (ténor) et le Page
d’Hérodias (mezzo-soprano). Par rapport au drame de Wilde, Mariotte
supprime des rôles secondaires comme Tigellin (le jeune romain), le
cappadocien, le nubien, l’esclave, Naaman (le bourreau) et le groupe
d’esclaves de Salomé. En revanche, le second Soldat de Mariotte
remplace quelquefois le cappadocien de Strauss et les rôles des deux
Soldats peuvent également se trouver inversés. Quant au groupe de
Juifs et de Nazaréens présent dans la pièce de Wilde, il est transformé
par le compositeur en un Chœur des Juifs qui apparaît à trois reprises
dans l’opéra. La présence de ce chœur se justifie soit par la nécessité
de commenter l’action (comme aux scènes 4 et 6), soit par la volonté
1 Pour plus de précisions à ce sujet, cf. BONIN, Déborah, « Le personnage de Salomé dans l’opéra symbolique », Héros et
Héroïnes de l’opéra symboliste, textes réunis et présentés par Danièle Pistone, Paris, Université Paris Sorbonne (Paris IV),
Observatoire Musical Français, Série « Conférences et séminaires » n° 25, 2006, 131 p.
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