Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020
novembre 1907 attestent du voyage de Mariotte en Allemagne 1 .
Finalement, le compositeur gagne la partie mais de manière
insatisfaisante. En effet, Strauss et Fürstner finiront par abdiquer
mais ils ne lui autorisent la représentation de son œuvre que sous
certaines conditions : s’il obtient le droit de la faire jouer pendant la
saison courante, moyennant le versement de 40 % des droits d’auteur
à Strauss et de 10 % à Fürstner, Mariotte devra, après la dernière
représentation de l’œuvre, remettre à Strauss toutes les partitions en
vue de leur destruction. La Salomé de Mariotte, alors créée sous ces
dispositions à Lyon le 30 octobre 1908, déclenche une querelle faisant
grand scandale dans la presse à l’époque.
Face aux critiques, Richard Strauss finit par abdiquer le 12 juillet
1909 : « Je me hâte de vous annoncer que j’ai réussi aujourd’hui à
obtenir de M. Fürstner la libération de la Salomé de Mariotte.
M. Fürstner communiquera directement à M. Mariotte tous les détails
pour les formalités nécessaires 2 . »
Après plusieurs années de controverses, la tragédie lyrique de Mariotte
sera finalement créée en toute liberté à Paris, au Théâtre de la Gaîté
Lyrique, quelques jours avant la représentation française de celle de
Strauss qui eut lieu à l’Opéra le 22 avril 1910. Cette nouvelle
déclenchera un regain d’intérêt pour “l’affaire Mariotte-Strauss” qui
induira la parution d’un nombre important d’articles se plaisant à
comparer et à confronter une nouvelle fois les deux opéras.
1 Avant de retrouver certains documents nous permettant de compléter « l’affaire », nous pensions que Mariotte s’était
rendu en Allemagne après avoir fait représenter pour une unique représentation sa Salomé au Grand Théâtre de Lyon le
30 octobre 1908.
2 STRAUSS, Richard, Lettre à Romain Rolland, 12 juillet 1909. Loc. cit. dans ROLLAND, Romain, Richard Strauss et Romain
Rolland –
Correspondance – Fragments de journal, Cahiers Romain Rolland III, Paris, Albin Michel, 1951, p. 99.
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