Yazid Ait Hamadouche : l’ange Homme
Amel Diaf
A
ccomplis chaque acte de ta vie comme s’il devait
être le dernier car ce qui compte, ce ne sont pas
les années qu’il y a dans la vie, c’est la vie qu’il
y a dans les années. », telle était la devise de Yazid Ait
Hamadouche qui aura défié, par sa singularité, tous les
aléas de l’existence.
C’est à l’âge de 8 ans que son combat commence.
Paraplégique suite à une complication de rougeole, son
premier obstacle fut la scolarisation : « Mes parents se
sont battus pour que je sois accepté dans une école «
normale » ». Dès lors il affronte tous les préjugés et
s’impose comme le premier de sa classe, il obtient son
bac avec mention et accède à l’une des plus prestigieuses
écoles algérienne : l’école nationale d’informatique de
Oued Semmar. En parallèle il vit une passion secrète
pour l’audiovisuelle et le contact humain. Il attend
alors de finir ses études pour embrasser cette passion
en envoyant une lettre de motivation au directeur
général de la radio algérienne, tout de suite charmé
par sa joie de vivre , sa galanterie seigneuriale et sa
volonté farouche d’éclairer les sentiers des jeunes
artistes .
Il devient en quelques années, producteur, réalisateur
et surtout animateur phare de la radio chaine 3 et
propulse de nombreux jeunes artistes au devant de la
scène grâce à son émission « Serial Taggueur » ; ce
qu’il lui vaut en 2012 le Grand prix de Radio URTI qui
récompense les efforts et l’originalité des productions
radiophoniques à travers le monde.
Journaliste incontournable mais avant tout citoyen
militant, il souligne son implication dans la société
en organisant de nombreuses campagnes de dons de
sang, de lutte contre le sida, notamment le projet «
YED FEL YED » et participe annuellement à la journée
internationale du handicap durant laquelle il met en
avant les difficultés rencontrées par les personnes
invalides, le manque d’infrastructures adaptées et
les incite vigoureusement à ne pas se soumettre à la
fatalité et à prendre leur destinée en main.
rester cloitré à la maison, antipathique ou même avoir
des tendances suicidaires mais au contraire j’ai choisi
de vivre, car le handicap est une richesse.». Cette
nouvelle dimension à laquelle ce sont identifiés des
milliers d’algériens souffrant d’invalidités a fait de lui
leur muse, leur porte parole, la preuve vivante que la
volonté ne peut avoir raison d’un handicap.
Ce destin si unique connaitra cependant un tournant
inattendu. Le 27 aout 2018, Yazid Ait Hamadouche
est hospitalisé d’urgence à l’hôpital de Kouba pour
une occlusion intestinale. Suite à une complication
chirurgicale, il plonge dans un coma dont il ne sortira
jamais …
Yazid tire sa révérence le mardi 28 aout 2018 à 13h45
alors qu’il n avait que 38ans. Cette nouvelle plonge le
monde médiatique et culturel dans le choc, afflige au
plus haut point ses fervents auditeurs et laisse l’Algérie
orpheline d’un enfant prodige, symbole de courage et
de détermination.
On retiendra de cet ange fait Homme, sa bonté, sa joie
de vivre et son amour inconditionné et inconditionnel
pour les gens.
Ta voix suave, tes plaisanteries gracieuses, tes rires naïfs
ne cesseront de retentir dans nos cœurs et nos esprits.
Tu as réussi le pari de faire marcher sans marcher, de
faire de l’infirmité un atout et d’inspirer les nombreux
handicapés qui vivent en réclusion et qui peinent à
affronter la vie.
Repose en paix Cher Yazid, que Dieu t’accorde son
pardon et t’accueille avec bienveillance dans son vaste
paradis.
Yazid, par son parcours exceptionnel, redéfinit son
handicap et en fait un véritable tremplin. Ce qui lui a
permis d’avoir une vie non pas seulement comme les
autres mais meilleure : « J’aurais pu être introverti,
ReMed Magazine - Numéro 7/8
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