Affirmation identitaire grâce à l’art
Sofiane Mohamed Larbi Benhabiles
Q
ui sommes-nous ?
Se définir est une quête perpétuelle.
Découvrir sa véritable nature, faire face à sa
propre essence, nue, est une perspective qui peut
susciter autant de convoitise que d’effroi, et pour cause,
aucun autre objectif, aucune autre quête, aucune autre
odyssée ne saurait être plus proche de nous-mêmes.
Comme dans chaque périple qu’on entreprend, un
référentiel sur lequel édifier l’image de notre définition
s’impose. Or, cette aventure est d’autant plus périlleuse
que les repères viennent toujours soit à manquer soit
à n’avoir pas plus de crédibilité que notre propre vision
des choses, subjective et étriquée.
Doit-on donc l’aborder de manière comparative ? On
en est bien tentés, vu l’accessibilité et la facilité de
cette approche. Notre environnement a toujours été
composé d’autres. Nos réflexions et nos visions aussi
font incessamment intervenir les autres. Pouvons-nous
alors permettre d’appuyer cette question essentielle
et existentielle sans cet élément qui nous a toujours
influencés et guidés ?
Nassima MAHRECHE, étudiante en 5ème année en
médecine dentaire à la Faculté d’Alger, au travers de
ces différentes œuvres.
Cette peinture, en vitrail sur verre et inspirée du
grand peintre Algérien Mohamed Temam (qui pour
l’anecdote, donne à son auteur l’envie de chanter ana
touiri de Fadila d’ziria à chaque fois qu’elle l’aperçoit),
met finalement en exergue toute les ambigüités et les
contradictions permanentes auxquelles nous pouvons
être confrontés lors de l’entreprise d’une telle quête.
Pressons nous donc de nous chercher vainement ! Le
véritable sens de ce voyage ne réside peut-être que
dans les œuvres et les créations que nous laisserons
derrière nous.
Ainsi, à travers ces reliquats qu’on aura cédés à la
postérité, là où nous avions nous-mêmes échoué, les
autres réussiront peut-être à s’esquisser une image de
nous voire mieux encore, à se retrouver eux-mêmes.
Demander aux autres pourrait aussi être un moyen
simple d’esquisser l’ébauche de notre définition. Cela
ne s’avère être pourtant jamais de grande utilité. Il
existe autant de versions de nous que de personnes
pour nous voir, autant de jugements subjectifs que de
vérités, autant de projections que de mépris.
Doit-on donc, par rapport à la proximité extraordinaire
de cette question avec nous-mêmes, s’affranchir de tout
être extérieur, de tout facteur pouvant s’échapper de
nos émotions et perceptions. Peut-on prendre le risque
de baser notre éventuelle réponse sur rien d’autre que
nous, êtres humains passionnés et faibles.
Le plus dur ici serait peut-être de cerner avec précision
la limite entre l’image que nous cherchons à montrer,
cette robe traditionnelle haute en couleurs, pleine de
reliefs, finement détaillée et exposée fièrement à la vue
de tous, et notre véritable personne, ce visage blanc,
mystérieux, brumeux, insaisissable, impénétrable…
Et si le chemin le plus proche pour y arriver n’était pas
l’art finalement ? Ce cri venant du plus profond de nos
âmes pour aller brusquer les tympans des autres.
C’est ainsi peut être sa propre vérité que recherche
ReMed Magazine - Numéro 7/8
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