ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 67

Affirmation identitaire grâce à l’art Sofiane Mohamed Larbi Benhabiles Q ui sommes-nous ? Se définir est une quête perpétuelle. Découvrir sa véritable nature, faire face à sa propre essence, nue, est une perspective qui peut susciter autant de convoitise que d’effroi, et pour cause, aucun autre objectif, aucune autre quête, aucune autre odyssée ne saurait être plus proche de nous-mêmes. Comme dans chaque périple qu’on entreprend, un référentiel sur lequel édifier l’image de notre définition s’impose. Or, cette aventure est d’autant plus périlleuse que les repères viennent toujours soit à manquer soit à n’avoir pas plus de crédibilité que notre propre vision des choses, subjective et étriquée. Doit-on donc l’aborder de manière comparative ? On en est bien tentés, vu l’accessibilité et la facilité de cette approche. Notre environnement a toujours été composé d’autres. Nos réflexions et nos visions aussi font incessamment intervenir les autres. Pouvons-nous alors permettre d’appuyer cette question essentielle et existentielle sans cet élément qui nous a toujours influencés et guidés ? Nassima MAHRECHE, étudiante en 5ème année en médecine dentaire à la Faculté d’Alger, au travers de ces différentes œuvres. Cette peinture, en vitrail sur verre et inspirée du grand peintre Algérien Mohamed Temam (qui pour l’anecdote, donne à son auteur l’envie de chanter ana touiri de Fadila d’ziria à chaque fois qu’elle l’aperçoit), met finalement en exergue toute les ambigüités et les contradictions permanentes auxquelles nous pouvons être confrontés lors de l’entreprise d’une telle quête. Pressons nous donc de nous chercher vainement ! Le véritable sens de ce voyage ne réside peut-être que dans les œuvres et les créations que nous laisserons derrière nous. Ainsi, à travers ces reliquats qu’on aura cédés à la postérité, là où nous avions nous-mêmes échoué, les autres réussiront peut-être à s’esquisser une image de nous voire mieux encore, à se retrouver eux-mêmes. Demander aux autres pourrait aussi être un moyen simple d’esquisser l’ébauche de notre définition. Cela ne s’avère être pourtant jamais de grande utilité. Il existe autant de versions de nous que de personnes pour nous voir, autant de jugements subjectifs que de vérités, autant de projections que de mépris. Doit-on donc, par rapport à la proximité extraordinaire de cette question avec nous-mêmes, s’affranchir de tout être extérieur, de tout facteur pouvant s’échapper de nos émotions et perceptions. Peut-on prendre le risque de baser notre éventuelle réponse sur rien d’autre que nous, êtres humains passionnés et faibles. Le plus dur ici serait peut-être de cerner avec précision la limite entre l’image que nous cherchons à montrer, cette robe traditionnelle haute en couleurs, pleine de reliefs, finement détaillée et exposée fièrement à la vue de tous, et notre véritable personne, ce visage blanc, mystérieux, brumeux, insaisissable, impénétrable… Et si le chemin le plus proche pour y arriver n’était pas l’art finalement ? Ce cri venant du plus profond de nos âmes pour aller brusquer les tympans des autres. C’est ainsi peut être sa propre vérité que recherche ReMed Magazine - Numéro 7/8 67