ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 65

« Eh bien, aussi étonnant que cela puisse paraître, le pire voyage a fini par devenir le meilleur. On est parti faire une sortie dans l’ouest: commençant par Gouraya, nous avons parcouru à peu près mille-deux-cent kilomètres en neuf jours, passant par Tipaza, Chlef, Ain Témouchent, Mostaganem (dans une forêt appelée «El khadra») puis Oran. Et c’est là, à mi-chemin, que le drame s’est passé; en effet, le moteur s’est arrêté! Nous étions dévastés, l’aventure allait s’arrêter là, à vingt kilomètres de la ville» Mais cela était sans compter sur la solidarité légendaire qui caractérise le peuple algérien et la chance qui accompagne toujours les passionnés dans leur dévouement: « nous avons quand même eu la chance, si on peut dire, de tomber en panne dans une région où ce genre de véhicule était plutôt courant, alors on nous a ramené le mécanicien «Houcine» (qu’on salue chaleureusement ), qui a démonté le moteur et s’en est allé le réparer, de ce fait, nous nous sommes retrouvés seuls au bord de la route, dans un coin un peu perdu, loin de chez nous, nous y sommes restés cinquante-trois heures, à ne rien faire à vrai dire, rien d’autre que méditer sur la situation peut être, n’osant même pas se regarder les uns les autres, il faut dire que nous avions craint le pire à ce moment-là. Finalement, tout s’est bien passé et une fois le moteur de nouveau en marche, nous avons repris notre voyage, et avec nous, celui qui l’a littéralement sauvé, Houcine». les impressions et idées préconçues qu’on a sur certaines choses sont vraiment infondées et s’écroulent dès que tu vois que cet inconnu sur lequel tu pourrais avoir des préjugés, t’ouvre sa porte et même avec des moyens très modestes, t’offre l’hospitalité et t’accueille à bras ouverts». En parlant de l’inconnu, beaucoup de personne rechignent et hésitent à s’aventurer loin des sentiers battus, par peur de ce que l’on entend sur le terrorisme et la criminalité: «Au cours d’aucun de nos périples, dans aucun des lieux où nous nous sommes aventurés, n’avons-nous eu un problème de ce genre. Nous n’avons jamais craint pour notre sécurité, on a dormi sur des plages désertes, dans des villages isolés et même en plein milieu d’une forêt dense où il n’y avait rien, à part peut-être des loups, mais ça c’est une autre histoire...» «Les algériens devraient non seulement investir, mais aussi et surtout, s’investir dans le développement du pays. Nous nous mettons nous même dans des embargos, si on arrivait à instaurer la culture du tourisme local à travers tout le territoire, il n’y aurait plus ce genre d’idées reçues, et donc aucune raison de s’inquiéter». Cela serait non seulement un bond en avant dans la mise en valeur du potentiel touristique de l’Algérie, mais le serait également dans la sauvegarde et la préservation des ressources naturelles faune et flore comprises, qu’en pensez-vous ? «Nous encourageons fortement les gens et surtout les jeunes, à partir à la découverte. il y a des coins surprenant comme la ville d’El Malah (Ain Témouchent) qui a gardé le style colonial. On dirait que le temps s’est arrêté et que rien n’a changé depuis, ça lui donne un cachet unique. Il y a aussi des plages comme Moscarda (Marsa Ben M’hidi - Tlemcen) où on a passé une nuit à la belle étoile, ou les grottes de Ben Aad dans la même région, le lac noir (Akfadou) sans parler du désert, des montagnes et des plaines, notre pays est non seulement vaste mais aussi varié que pourrait l’être nos envies d’évasion». Si vous deviez choisir un seul endroit, de tous ceux que C’est surprenant comment ce qui s’apparente à une catastrophe, peut se transformer en une nouvelle amitié et aventure mémorable. Mais comment faites- vous pour organiser vos trajets? Vous êtes-vous déjà perdus ? « Ma tetbaharch ya kho fi El Djazair ! Il ne faut pas être pressé quand on voyage avec le van, mais plutôt prendre le temps d’explorer. Bien sûr il y a les circuits que nous connaissons déjà. Parfois, on se renseigne au près des locaux, avant de camper ou d’aller quelque part, et il nous est arrivé d’indiquer aux gendarmes notre emplacement. Mais le fait d’aller vers l’inconnu est un délice, tu découvres des régions, tu découvres des gens, et te rends compte que ReMed Magazine - Numéro 7/8 65