« Eh bien, aussi étonnant que cela puisse paraître, le pire
voyage a fini par devenir le meilleur. On est parti faire
une sortie dans l’ouest: commençant par Gouraya, nous
avons parcouru à peu près mille-deux-cent kilomètres
en neuf jours, passant par Tipaza, Chlef, Ain Témouchent,
Mostaganem (dans une forêt appelée «El khadra») puis
Oran. Et c’est là, à mi-chemin, que le drame s’est passé;
en effet, le moteur s’est arrêté! Nous étions dévastés,
l’aventure allait s’arrêter là, à vingt kilomètres de la ville»
Mais cela était sans compter sur la solidarité légendaire
qui caractérise le peuple algérien et la chance qui
accompagne toujours les passionnés dans leur
dévouement:
« nous avons quand même eu la chance, si on peut dire, de
tomber en panne dans une région où ce genre de véhicule
était plutôt courant, alors on nous a ramené le mécanicien
«Houcine» (qu’on salue chaleureusement ), qui a démonté
le moteur et s’en est allé le réparer, de ce fait, nous nous
sommes retrouvés seuls au bord de la route, dans un coin
un peu perdu, loin de chez nous, nous y sommes restés
cinquante-trois heures, à ne rien faire à vrai dire, rien
d’autre que méditer sur la situation peut être, n’osant
même pas se regarder les uns les autres, il faut dire que
nous avions craint le pire à ce moment-là. Finalement,
tout s’est bien passé et une fois le moteur de nouveau en
marche, nous avons repris notre voyage, et avec nous, celui
qui l’a littéralement sauvé, Houcine».
les impressions et idées préconçues qu’on a sur certaines
choses sont vraiment infondées et s’écroulent dès que
tu vois que cet inconnu sur lequel tu pourrais avoir des
préjugés, t’ouvre sa porte et même avec des moyens très
modestes, t’offre l’hospitalité et t’accueille à bras ouverts».
En parlant de l’inconnu, beaucoup de personne
rechignent et hésitent à s’aventurer loin des sentiers
battus, par peur de ce que l’on entend sur le terrorisme
et la criminalité:
«Au cours d’aucun de nos périples, dans aucun des lieux
où nous nous sommes aventurés, n’avons-nous eu un
problème de ce genre. Nous n’avons jamais craint pour
notre sécurité, on a dormi sur des plages désertes, dans
des villages isolés et même en plein milieu d’une forêt
dense où il n’y avait rien, à part peut-être des loups, mais
ça c’est une autre histoire...»
«Les algériens devraient non seulement investir, mais
aussi et surtout, s’investir dans le développement du pays.
Nous nous mettons nous même dans des embargos, si on
arrivait à instaurer la culture du tourisme local à travers
tout le territoire, il n’y aurait plus ce genre d’idées reçues,
et donc aucune raison de s’inquiéter».
Cela serait non seulement un bond en avant dans la
mise en valeur du potentiel touristique de l’Algérie,
mais le serait également dans la sauvegarde et la
préservation des ressources naturelles faune et flore
comprises, qu’en pensez-vous ?
«Nous encourageons fortement les gens et surtout les
jeunes, à partir à la découverte. il y a des coins surprenant
comme la ville d’El Malah (Ain Témouchent) qui a gardé
le style colonial. On dirait que le temps s’est arrêté et que
rien n’a changé depuis, ça lui donne un cachet unique. Il
y a aussi des plages comme Moscarda (Marsa Ben M’hidi
- Tlemcen) où on a passé une nuit à la belle étoile, ou
les grottes de Ben Aad dans la même région, le lac noir
(Akfadou) sans parler du désert, des montagnes et des
plaines, notre pays est non seulement vaste mais aussi
varié que pourrait l’être nos envies d’évasion».
Si vous deviez choisir un seul endroit, de tous ceux que
C’est surprenant comment ce qui s’apparente à une
catastrophe, peut se transformer en une nouvelle
amitié et aventure mémorable. Mais comment faites-
vous pour organiser vos trajets? Vous êtes-vous déjà
perdus ?
« Ma tetbaharch ya kho fi El Djazair ! Il ne faut pas être
pressé quand on voyage avec le van, mais plutôt prendre
le temps d’explorer. Bien sûr il y a les circuits que nous
connaissons déjà. Parfois, on se renseigne au près des
locaux, avant de camper ou d’aller quelque part, et il nous
est arrivé d’indiquer aux gendarmes notre emplacement.
Mais le fait d’aller vers l’inconnu est un délice, tu découvres
des régions, tu découvres des gens, et te rends compte que
ReMed Magazine - Numéro 7/8
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