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Se libérer de nos Peurs
Katia Fadia OUADAH
« La peur bloque la compréhension intelligente de la vie. » Jiddu Krishnamurti.
Introduction
N
ous vivons dans un monde agité, où règnent les
conflits, les guerres et le désordre. En ce mo-
ment, les systèmes politiques et économiques
et les organisations religieuses gèrent les affaires col-
lectives en passant d’une autorité à une autre, mais
ils n’ont jamais réussi à établir des réformes pouvant
résoudre la complexité des problèmes de manière
constante. Aucune révolution politique ni sociale ne
pourrait apporter de solutions à nos problèmes ! Ce
qu’on appelle révolution n’est en réalité que le prolon-
gement d’une doctrine sous une autre forme.
Cependant, il existe une autre voie qui peut nous per-
mettre la compréhension de la fonction de l’esprit.
Pour ce faire, une révolution intellectuelle doit abso-
lument avoir lieu, et doit consister en un bouleverse-
ment de la conscience ; c’est-à-dire éveiller une nou-
velle intelligence.
Etre intelligent ne veut pas dire cultiver des
données, apprendre des choses nouvelles, se livrer à
des croyances ou des idéologies. L’intelligence n’est
mise en œuvre qu’une fois la peur surmontée. La peur
est l’une des raisons qui nous poussent à adhérer à
des connaissances ; une discipline fondée sur la peur
nous rend insensible aux choses profondes de la vie.
La peur déforme nos pensées
« La peur est la plus terrible des passions, parce qu’elle
fait ses premiers effets contre la raison ; elle paralyse le
cœur et l’esprit. » Antoine de Rivarol.
L’homme a depuis la nuit des temps connu la peur, il
l’a éprouvée devant la férocité des animaux, le bandi-
tisme, la colère des éléments de la nature et devant
différentes situations pouvant mettre sa vie en péril.
Face aux dangers, l’homme a tendance à fuir tout ce
qui lui fait peur, en vue de se protéger.
On dit bien que la plus grande peur de l’homme
est la peur de « la mort ». En réalité, ce n’est pas l’idée
de la mort même qui l’inquiète mais c’est ce qui vient
après. En effet, aucune science n’a réussi jusqu’à pré-
sent à cerner ce recoin d’ombre.
La peur a toujours été un obstacle à l’inves-
tissement individuel, et par conséquent à l’investis-
sement social. Elle pousse les individus à adopter un
certain mode de vie, à s’accrocher à des choses exté-
rieures, à des données psychologiques et aux idées
rassurantes.
La peur pousse l’homme à rester attaché à ses
semblables, ce qui le rend dépendant des autres, et
perd donc sa capacité de réfléchir par lui-même. En
se soumettant aux idéologies et aux dogmes, il s’em-
pêche de s’exprimer librement, tout en se réfugiant
dans le confort que lui procure le sentiment d’appar-
tenance à un groupe. L’esprit qui se contente d’imiter
est mécanisé, il est semblable à une machine et son
sens créatif est détruit. Il est donc nécessaire d’aller
au-delà de ce niveau, de penser librement sans accep-
ter les choses de façon irréfléchie.
La transformation de l’humain ne peut se faire
qu’en se libérant de toute discipline autoritaire. Selon
Jiddu Krishnamurti, lorsqu’il existe un rapport de force
entre l’enfant et son éducateur ou instituteur, la peur
s’installe, l’enfant obéit aux instructions sans réfléchir
par crainte de dévier des principes instaurés. Il ne sera
donc pas capable d ’aller jusqu’au bout de ses pensées,
et de là il n’y aurait plus d’esprit innovateur. L’enfant a
besoin de commettre des erreurs pour apprendre, et le
rôle de l’éducateur est d’éveiller sa conscience, l’aider
à se corriger et à comprendre ses désirs profonds. Il
n’est pas là pour orienter sa pensée et lui imposer ce
qu’il veut sans discuter avec lui ; mais l’aider à se réali-
ser, à découvrir ce à quoi il est destiné, car la discipline
de l’enfant façonne l’adulte qu’il deviendra.
ReMed Magazine - Numéro 5
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