ReMed 2017 ReMed Magazine N°3 - Lifestyle | Page 14

ReMed Magazine Savoir & Vivre “Trop d’hygiène tue l’hygiène” Mona Sabrine MAYOUF En cherchant toujours à être en sécurité, on s’acharne contre les micro-organismes comme ennemi juré à éradiquer, les incriminant toujours comme principale cause de maladie. S’ensuit alors une guerre sans merci cherchant à neutraliser le maximum de ces accusés. Les compagnies de détergents se concurrencent alors pour mettre fin aux 0.001% de bactéries subsistantes. Mais s’il n’était même pas question de déclarer la guerre ? Les micro-organismes et l’homme, qui colonise qui ? L es micro-organismes ont existé sur la bleue des milliards d’années avant l’homme. Ce dernier ne s’est aperçu de leur présence qu’au IXX siècle avec les théories avancées par Louis Pasteur sur les traces des chercheurs qui l’ont précédé. Loin d’élucider le dilemme colonial, il nous est indiscutable aujourd’hui d’avouer que la présence de certains micro-organismes vivant en symbiose nous est vitale. Le complexe microbiote (l'ensemble des micro-organismes vivant dans un en- vironnement spécifique nommé microbiome) humain comprend environ 10 14 cellules, un nombre supérieur à l’ensemble des cellules composant le corps humain lui-même. Plusieurs recherches sont menées pour comprendre au mieux la relation de l’homme à son microbiote. Ainsi, le microbiote intestinal contribue à la biotransformation et digestion alimentaire, à la pro- duction de certaines vitamines et à la lutte contre l’in- stallation de la flore pathogène. La flore cutanée, quant à elle, est colonisée par des tril- lions de micro-organismes, souvent symbiotes entre le- vures, bactéries, virus, champignons, etc. Un microbiote diversifié de plus de 500 espèces différentes, étalé sur toute la peau, faisant du microbiome cutané siège de divers échanges indispensables à l’homéostasie du corps humain. Le microbiote et microbiome cutanés constituent dès lors un écosystème que la science n’a su exploré que peu pour le moment. La flore cutanée peut être subdivisée en deux grands groupes : - La flore permanente (ou résidente) : elle est consti- tuée de germes commensaux (vivant au dépend de l’hôte sans pour autant être pathogènes). Elle est en général de composition fixe et apte à se régénérer après perturbation. - La flore transitoire : elle est composée de micro-or- ganismes généralement saprophytes (se nourrissant de matières organiques en décomposition provenant de l’environnement). Toutefois, celle-ci peut comporter des germes pathogènes et opportunistes. Sa distribu- tion sur la peau est hétérogène et sa présence varie selon l’activité et les conditions environnementales. Le microbiote cutané et le bien-être de la peau Figure 1:microbiote cutané Src : https://www.revmed.ch/RMS/2016/RMS-N-512/Le-mi- crobiote-cutane-le-poids-lourd-sort-de-l-ombre 14 ReMed Automne 2017 Avec l’avancée qu’ont connue la microbiologie et l’im- munologie, la considération du microbiote humain a pris une toute autre tournure. La flore, transitoire fut elle ou résidente, ne menace pas le bien-être de l’hôte tant que la barrière épidermique et les réponses immu- nitaires sont intactes, bien au contraire, elle peut être bénéfique pour l’organisme. La flore cutanée commen- sale permet de lutter contre l’invasion microbienne pathogène, en entravant la colonisation de plusieurs espèces nuisibles.