ReMed 2016 ReMed Magazine N°1 - Nervous System | Page 9

ReMed Magazine Sciences de la Santé Le Dialogue Intestin-Cerveau « L’existence d’un véritable lien entre le cerveau et l’intestin est aujourd’hui validée par la recherche scienti�ique. En effet, il semblerait que ces deux-là aient bien de choses à se dire. Et au cours de leurs échanges, deux moyens de communication sont mis en avant : le Système Nerveux Entérique (SNE) et le microbiote intestinal. Si le rôle central du microbiote intestinal dans les maladies métaboliques telles que l’obésité et le diabète est reconnue depuis plusieurs années, l’implication de celui-ci dans des maladies neurodégénératives et neuropsychiques dont la maladie de parkinson ou l’autisme, est de plus en plus démontré au cours des dernières années. » S A R A B O U K E L L A L Un cerveau dans le ventre ? e système nerveux entérique (aussi appelé « cerveau viscéral » ou « deuxième cerveau ») est la partie du système nerveux autonome qui contrôle l’ensemble du système digestif. Il est constitué de cent (100) à deux-cent (200) millions de cellules nerveuses, réparties le long du tube digestif et organisé en deux plexus ganglionnaires : le plexus myentérique d’Auerbach et le plexus sous-muqueux de Meissner. Ces cellules proviennent du même feuillet embryonnaire que les cellules du système nerveux central, elles s’en séparent à un stade précoce de l’embryogenèse pour former le SNE. De ce fait, le système nerveux intestinal et le cerveau se ressemblent, tant sur le plan structurel que fonctionnel. Ils utilisent les mêmes structures de neurones sensoriels et moteurs, les mêmes circuits de traitement de l'information et les mêmes cellules gliales ainsi que les mêmes neurotransmetteurs incluant l'acétylcholine, la norépinephrine, la dopamine ou la sérotonine dont 95% est couvert par le SNE. L Dans les plus de sept mètres de l'intestin, le système nerveux intestinal s’agence en un réseau complexe de microcircuits densément connectés les uns aux autres, et dirigés par plus de neurotransmetteurs et de neuromodulateurs que l'on en trouve dans le système nerveux périphérique. Cela permet au SNE de fonctionner indépendamment du contrôle du système nerveux central, bien qu’il soit en interaction avec celui-ci via le nerf vague. Il assure ainsi le péristaltisme et les mouvements re�lexes en réponse à une stimulation des neurones sensitifs, la régulation des secrétions muqueuses et celle de la circulation sanguine. Il contrôle la barrière épithéliale intestinale qui est une véritable frontière entre le monde externe et l’organisme. Sans oublier que près de 85% des cellules immunitaires de l’organisme sont produites au niveau de l’intestin. Le nerf vague, intermédiaire entre cerveau et �lore intestinale ? Le nerf vague véhicule un courant permanent entre le cerveau et l’intestin à travers les neurotransmetteurs. Cette communication permet entre autres de protéger l'organisme contre certaines menaces : par exemple, en présence d'un aliment infecté, l'intestin alertera le cerveau via le nerf vague ; le cerveau signalera alors à l'intestin d'arrêter le processus de digestion. Les similarités entre les cellules du système nerveux central et entérique, ainsi que l’étroite connexion assurée par le nerf vague expliquent pourquoi des médicaments qui agissent au niveau cérébral peuvent aussi avoir des effets sur l'intestin. C'est le cas de certains antidépresseurs en agissant sur la sérotonine, provoquent 8 & T I N H I N A N H O C I N E souvent des troubles digestifs chez les patients soignés pour une dépression. A l'inverse, les antidépresseurs administrés en petites doses peuvent améliorer les symptômes intestinaux en cas de syndrome de l'intestin irritable.