Dans ce témoignage à �leur de cœur porté par une écriture in�iniment expressive, Cécile nous peint sans tabou le torrent d’ émotions qui l’ envahit et la submerge depuis l’ annonce de la maladie de son mari: L’ amour se mêle à la rancune, la bienveillance à l’ irritabilité, l’ affection à l’ af�liction, la tendresse à la peur, le déni d’ abandon au sentiment de frustration, la passion aux envies de meurtre et puis, cette rage muette qui l’ assaillit. Elle en veut au destin, elle en veut à son mari, l’ indifférent heureux, elle en veut aux médecins de n’ avoir aucun remède, elle s’ en veut à elle-même de n’ avoir pas décelé la maladie à un stade plus précoce. Par moment elle se surprend même à l’ envier, lui, et à se reprocher, elle, sa lucidité.
« Heureux, celui qui a tout oublié et demeure les yeux dans les nuages et le corps en apesanteur ».
« Alzheimer mon amour » est donc une tragédie absolue dans la mesure où la �in est connue, inéluctable, sans espoir et pourtant ce livre n’ est ni plaintif ni vindicatif mais rend hommage à la vie, à l’ amour qui est plus fort que la peur, plus fort que la maladie qui ne parviendra jamais à briser ce lien fragile mais indéfectible qui relie Cécile et Daniel. Au-delà de l’ histoire personnelle, ce récit met la société devant ses responsabilités et pose des questions d’ éthiques: Comment annoncer et accueillir la maladie? Comment soutenir ceux qu’ on appelle les aidants? Comment intégrer les différences? Et qu’ en est-il, en Algérie, où l’ on ne dispose toujours pas d’ unités de soins spécialisés pour accompagner ces malades et leur famille? Il en va donc de notre devoir en tant que soignants de se montrer à l’ écoute de ces patients désorientés, et de soutenir les aidants a�in de soulager un peu de leur lourd fardeau. La maladie d’ Alzheimer est une maladie dont la prise en charge doit être pluridisciplinaire, individualisée et avant tout humaniste. Aussi, ne me suis-je pas étalé dans le style de l’ auteure. Il me semble que les quelques extraits partagés avec vous prouvent l’ intelligence et la majesté de l’ écriture, qui font de ce roman un vrai bijou littéraire à conserver précieusement.
« Sans passé, il n’ y a pas d’ avenir, et le présent ne se suf�it pas à lui-même »
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