Le déclin
La dissolution de village
À partir de 1936, l’émigration dépasse l’immigration. En fait, pour la première fois en dix ans, un des neuf premiers colons a quitté le village de Reesor.
À la fin des années vingt, les colons qui s’étaient établis dans l’Ouest et dans le sud de l’Ontario ne parvenaient pas à se débarrasser de leurs dettes en raison de la grande dépression qui sévissait alors. Mais en 1936, certains d’entre eux se mirent à prospérer tandis qu’aucun colon de Reesor n’était devenu riche. De plus, tous pouvaient voir que même les premiers arrivants n’avaient pas encore défriché assez de terrain pour subvenir à leurs besoins grâce à l’agriculture. On cultivait assez de terrain pour que certaines personnes commencent à construire des granges, mais cela demeurait insuffisant. Les gens faisaient face à la réalité : le Nord de l’Ontario n’était propice ni à l’agriculture, ni à l’élevage. Cette prise de conscience n’a pas été restreinte à la population de Reesor : elle a été partagée par plusieurs régions agricoles du nord.
La Seconde Guerre mondiale a également changé lescondition socio-économiques, ce qui s'est avéré très dure sur les fermiers qui arrivaient à peine à subsiter
Une fois l’exode commencé, ce fut le début de la fin. Comme si ce phénomène ne suffisait pas, la jeunesse quittait le village dès qu’elle atteignait l’âge de le faire. Les gars allaient travailler dans des camps de bûcherons tandis que les filles se rendaient à Kapuskasing. La population de Reesor a tranquillement diminué jusqu’à ce qu’en 1967, il n’y reste plus personne. Il faut tout de même se rendre compte que, selon une étude menée en 1936, la majorité de la population désirait rester au village. C’est le départ de quelques villageois qui a donné à d’autres l’envie de partir et, de là, il y a eu un effet boule de neige. C’est tout le rêve d’une communauté mennonite construite d’arrache-pied pendant dix ans qui s’est ainsi tranquillement effrité.
Pour tout dire, Reesor est un village qui est apparu grâce à la propagande du gouvernement qui voulait peupler les terres le long de son chemin de fer. À l’aide de son élan initial, il a grossi pendant dix années durant lesquelles il s’est doté de plusieurs institutions et services intéressant. Par la suite, le village est tranquillement disparu à mesure que les colons se rendaient compte que l’agriculture et l’élevage y étaient trop difficiles.
Magazine / Avril, 2013 8