Rebel Le Mag Printemps 2023 | Page 45

de déficience intellectuelle ou aux prises avec handicaps physiques multiples . Mais voilà , enseigner cette technique à Monsieur et Madame tout le monde est bien différent que de l ’ enseigner à des judokas . »
Malgré tout , la suggestion de l ’ ex-collègue s ’ est incrustée solidement dans la tête de Benoît qui a longuement mûri l ’ idée . « Dès qu ’ il m ’ en a fait la suggestion , cette idée n ’ a plus jamais quitté mon esprit . J ’ y songeais constamment : à la maison , au dojo où j ’ enseigne le judo , en vélo , bref , partout ! »
Puis en 2012 , voilà le programme Savoir comment tomber devenu réalité . Dès le début , les résultats sont sans équivoque . Fort de ce succès , Benoît Séguin publiera deux livres , tout d ’ abord Comment prévenir et se protéger lors d ’ une chute , sorti en 2015 ( Édition Première chance ) et une réédition en 2016 ( Édition de l ’ Apothéose ). Ce livre s ’ adresse à Monsieur et Madame tout le monde . Suivra ensuite son deuxième ouvrage , Ce n ’ est pas tomber qui fait mal , c ’ est mal tomber qui fait mal : laisseznous vous aider . Ce deuxième livre , publié par la maison Édition de l ’ Apothéose en 2020 , s ’ adresse aux enseignants désireux de faire connaître les techniques Séguin .
« Mon premier livre explique en quelque sorte les différentes étapes à maîtriser dans la technique de savoir tomber . Il y en a cinq , que j ’ appelle aussi ateliers . :
Des témoignages Plusieurs témoignages de personnes ayant appris les techniques de Benoît Séguin apparaissent sur le site de Judo-Québec .
Parmi ces personnes il y a ce monsieur de 75 ans qui écrit : « (…) J ’ ai glissé sur la glace et j ’ ai eu le réflexe de me rouler sur le côté en collant mes bras contre mon corps . Aucune blessure . Même pas de courbature . »
Ou encore cette dame de 67 ans qui rapporte ceci : « Beaucoup de gens disent qu ’ ils n ’ ont pas le temps de penser lors d ’ une chute . Après avoir lu le livre de Benoit et après avoir suivi seulement un cours , je me suis probablement évité une fracture . Après une tempête de neige , je n ’ ai pu éviter une chute . Le pied sur la glace , je me suis retrouvée au sol . Alors , juste avant de tomber , j ’ ai étendu mon bras loin du corps voulant me protéger mais en toute vitesse j ’ ai revu dans ma tête que les bras doivent être près du corps . Oui ça se fait vite , mais oui il se passe quelque chose de très vite , alors que mon bras est revenu près de moi . Oui je me suis fait mal , mais ça durée 2 jours . Une fracture aurait été pire encore . » u
INFOS | bientomber . ca
• Ne plus craindre le sol et savoir comment se relever du sol après une chute
• Les chutes de côté
• Les chutes arrière
• Les chutes avant
• La stabilité et l ’ équilibre
À l ’ intérieur de ces ateliers , j ’ explique finalement comment réussir à tomber mou , et comment se protéger , surtout la tête , en rentrant les membres vers l ’ intérieur . »
La question qui vient à l ’ esprit , une fois que tout ça est dit , et M . Séguin à l ’ habitude de l ’ entendre , c ’ est comment on peut arriver à faire ce qu ’ on nous enseigne alors qu ’ une chute est tellement rapide ? « Oui c ’ est vrai que c ’ est rapide , mais l ’ esprit l ’ est encore plus et on part avec ça . Faites l ’ exercice suivant . Mettez votre micro-ondes à 5 secondes , puis dès qu ’ il ne reste qu ’ une seconde appuyez sur arrêt . Vous aurez réussi à le faire en moins d ’ une seconde . Donc c ’ est que vous êtes capable d ’ en faire des choses en une seconde et moins . Votre vitesse de réaction vous surprendra . Faut simplement pratiquer et apprendre . »
Justement , pour pratiquer et apprendre , il faut nécessairement faire l ’ expérience de chutes durant la formation . N ’ est-ce pas là un motif pour être hésitant ?
M . Séguin l ’ entend souvent cette question également . « C ’ est tout à fait normal d ’ avoir des craintes à plus forte raison lorsqu ’ on avance en âge . Mais faut savoir que les cours sont offerts autant aux enfants , qu ’ aux ados et qu ’ aux aînés qui dépassent dans certains cas les 80 ans . Jamais un élève ne s ’ est fait mal . Évidemment on ne le mettra jamais dans une situation où il pourrait se faire mal . Je commence l ’ enseignement par la confiance en soi et ce n ’ est qu ’ après que nous attaquons les techniques . Tout se fait par étape et au rythme de la personne . Il ne faut pas penser qu ’ en une seule séance vous partirez le cœur léger avec la maîtrise parfaite des techniques . Non , il faut assister à une dizaine de sessions d ’ environ 1 heure chacune , » d ’ expliquer Benoît Séguin .
« Mon souhait , conclut-il est que l ’ on enseigne ces techniques partout au Québec et au Canada , car les chutes sont nombreuses et malheureusement tragiques dans bien des cas . La preuve est faite que quand on sait comment tomber , on évite très souvent les fractures . Ah , on peut se faire un bleu quand même , mais ça , ça guérit vite ce qui n ’ est pas le cas d ’ une fracture du crâne . »

Les chutes au Québec , nombreuses et souvent dramatiques

Que l ’ on soit un enfant , un adulte en bonne condition , ou un aîné , les risques de faire une chute sont omniprésents au quotidien et plus grave encore , les conséquences sont très souvent tragiques .
Selon l ’ Institut national de santé publique du Québec ( INSPQ ) entre 2000 et 2019 , les chutes auraient été responsables de 21 644 décès dans la province . C ’ est une moyenne de 1082 décès par année ! Toujours selon l ’ Institut , les aînés de 65 ans et plus sont davantage vulnérables aux chutes représentant 91,9 % de ces décès .
Et plus inquiétant encore , on rapporte que le tiers des 65 ans et plus , soit le tiers d ’ environ 1 million de personnes , fera une chute dans le courant de l ’ année . Outre les décès , ces chutes résulteront en des fractures de la hanche et ( ou ) des traumatismes crâniens . D ’ ailleurs , les chutes sont aussi responsables d ’ un nombre hallucinant d ’ hospitalisations . On en a dénombrées 214 330 en 10 ans seulement . C ’ est une moyenne annuelle de 21 433 !
Le tableau n ’ est pas plus reluisant en ce qui concerne les 65 ans et plus qui survivent à une fracture de la hanche . Malheureusement , 50 % d ’ entre eux ne retrouveront jamais leurs capacités fonctionnelles .
Évitons maintenant l ’ erreur de croire que les chutes ne sont dangereuses que chez les aînés . L ’ organisme Parachute Canada indique que les chutes sont la principale cause des hospitalisations chez les 0 à 14 ans . Au Canada en 2018 , souligne l ’ organisme , 4 500 enfants de ce groupe d ’ âge ont été admis à l ’ hôpital en raison de blessures dont l ’ origine était une chute . Pour sa part , l ’ INSPQ indiquera que les chutes constitueraient 41 % des hospitalisations chez les 0 à 18 ans . u