Rapport annuel 2021 Compagnons du Devoir | Page 40

J ’ AI HÂTE D ’ ÊTRE EN 2035 POUR VOIR SI LE SCÉNARIO QUE NOUS AVONS ANTICIPÉ EST COHÉRENT !
LE TRAVAIL DE PROSPECTIVE / 21 terminé un cycle autour de la transition culturelle avant d ’ en commencer un nouveau sur les ressources et l ’ énergie . Nous avons en effet conscience que la RSO ( responsabilité sociétale des organisations ) sera demain un guide indispensable pour conduire nos réflexions et nous nous y intéressons de près depuis quelques années déjà . Cette plongée dans une thématique passe par des conférences , des partenariats , l ’ intervention de chercheurs et de spécialistes ou encore la participation à des salons ou événements . Ces savoirs et explorations nous aident ensuite à faire évoluer nos formations , notre manière d ’ enseigner ou la vie de l ’ association elle-même . Par exemple , le cycle autour de la transition sociétale , grâce auquel nous nous sommes penchés sur la notion d ’ entreprise libérée et les nouveaux modes de management qui l ’ accompagnent , m ’ a fait réfléchir à la manière dont nous prenions jusqu ’ à présent nos décisions stratégiques dans le cercle finalement assez fermé des élus . Désormais , nos comités stratégiques sont plus mixtes : ils comprennent non seulement des élus de métier et des régions , mais aussi des salariés de notre association . Ainsi , nous envisageons ensemble , avec des points de vue différents , l ’ impact que peuvent avoir nos décisions , notamment sur les jeunes dont nous avons la charge . M . G . : Les travaux sur le devenir d ’ un métier en particulier sont gérés par l ’ institut des métiers qui le concerne . Pour ma part , j ’ ai travaillé sur le devenir du métier de peintre applicateur de revêtement . Notre groupe de travail était composé de différents acteurs de la filière : des représentants de l ’ industrie , des universitaires , un designer coloriste , des peintres , etc . Bien que nous n ’ ayons pas l ’ habitude de travailler ensemble , c ’ était enrichissant et beau , car nous étions tous réunis autour d ’ un même objectif : s ' intéresser à l ' avenir de cet ( te ) homme ( femme ) de métier qu ' est le peintre . Lors de nos sept rencontres , nous avons travaillé sur tous les aspects du métier — santé , matériaux , recyclage , compétences , tendances du marché , réglementation , etc .— avec une grande question en tête : à quoi ressemblera le métier de peintre en 2035 ? Nous avons suivi une méthodologie très structurée —

J ’ AI HÂTE D ’ ÊTRE EN 2035 POUR VOIR SI LE SCÉNARIO QUE NOUS AVONS ANTICIPÉ EST COHÉRENT !

Marine Gaudu
la méthode Morphol — qui nous a permis d ’ établir des scénarios jusqu ’ à en choisir un qui nous paraissait le plus crédible et que nous avons appelé « L ’ Odyssée des peintres ». J ’ ai hâte d ’ être en 2035 pour voir s ’ il est cohérent ! Dans cette projection , le métier comprend une forte dimension de conseil et de conception : le peintre est devenu un décorateur d ' intérieur au sens large . Ce sont des évolutions que nous pouvons maintenant anticiper dans nos formations . D ’ ailleurs , cette réflexion a probablement accéléré l ’ ouverture d ’ une nouvelle formation qui couvait : un BTS de designer d ’ espace à Nîmes .
D ’ après vous , comment sont reçus ces travaux de prospective au sein de l ’ association ?
M . G . : Je pense que cela dépend des publics et des sujets . Par exemple , la question du numérique et sa part
LE MÉTIER DE BOULANGER EN 2035
croissante dans le métier de peintre me semble mieux prise en compte et intégrée par les jeunes que par certains anciens qui ont peur que l ' on perde le lien à la matière . Mais , quoi qu ’ il en soit et même si des sujets font débat , ce sont des réflexions passionnantes et très utiles à nos métiers comme à l ’ association . J . -L . Q . : Il faut trouver un juste équilibre . Nous sommes une association et devons vivre à son rythme sans noyer ses membres sous des projets et autres sujets . En revanche , quand on se saisit de l ’ un d ’ eux — le développement durable par exemple — nous devons le faire au mieux et en vue de résultats concrets . Par ailleurs , si les jeunes viennent chercher chez nous au départ un métier manuel et pratique , c ’ est à nous de leur faire comprendre que cela va au-delà , jusqu ’ à une manière d ’ être au monde , avec la part de réflexion et de théorie que cela comprend .
De mars 2020 à mars 2021 , un groupe de travail de 18 membres issus de différents secteurs de la filière — meunerie , artisanat , industrie , distribution , conseil et formation — s ’ est penché sur le devenir du métier de boulanger à l ' horizon 2035 . Un travail structuré autour de trois questions : Quelle sera la place du métier de boulanger en 2035 ? Quelles sont les évolutions possibles du métier de boulanger ? Quelles seront les nouvelles compétences à acquérir ? Les scénarios développés s ’ intéressent à tous les aspects du métier : depuis la réglementation jusqu ’ à la communication , en passant par les attentes des consommateurs , la RSE , le financement ou encore les outils de production . Une fois d ’ accord sur les scénarios les plus probables , un questionnaire a été soumis à une centaine de professionnels afin de tester et valider les hypothèses retenues . On y trouve notamment l ’ idée d ’ une « tradition moderne » qui exprime , d ’ un côté , les attentes des consommateurs et , de l ’ autre , le mouvement de modernisation à tous les niveaux du métier . On projette la boulangerie comme le dernier commerce gage de qualité et de luxe accessible au sein des quartiers . De ce travail de prospective est né un plan opérationnel visant à assurer la pertinence des formations de l ’ association , présenté à l ’ Institut des métiers du goût pour une mise en œuvre sur trois ans à partir de 2022 .
Les Compagnons du Devoir et du Tour de France