Pédagogie Urbaine dans les lieux communs MES ENSAB 2018 | Page 41
La ville après l’incendie
Comme dans le cas d’Erevan, nous pouvons donner une date à partir
de laquelle l’histoire de la ville de Rennes peut avoir une interprétation
« avant et après ». Si pour la capitale arménienne, ce tel moment a été
la validation du premier plan d’urbanisme de la ville, le grand incendie
du début de 18ème siècle a été l’événement « tournant » pour la ville de
Rennes ; l’événement qui a entrainé les modifi cations majeures de la ville.
Dans cette ville médiévale – qui changeait progressivement de visage–
construite principalement en bois et en torchis, le risque réel d’une
catastrophe a toujours été présent. Sans entrer dans les détails de la
cause et de la propagation du feu, il est nécessaire de préciser que le grand
incendie du 23 au 29 décembre 1720 a détruit la partie la plus peuplée
de la ville. Cet évènement qui a également et profondément marqué la
mémoire urbaine rennaise, a endommagé en totalité 9000 bâtiments, dont
1000 ont été détruits.
Afi n de reconstruire la ville, un premier plan d’urbanisme de la ville a été
pensé par un ingénieur militaire, Isaac Robelin. En effet, en portant aujourd’hui
un regard postérieur, nous pouvons constater qu’il s’agissait d’une véritable
opération d’haussmannisation de la ville avant même la naissance du Baron
Haussmann. Selon Gauthier Aubert « Le principe retenu [était] de tracer des
rues droites, larges, perpendiculaires, de créer un espace urbain fonctionnel,
aéré, rythmé par des tailles variables. Robelin [avait prévu] de ne pas limiter
son intervention au secteur sinistré : la Vilaine doit être canalisée, la basse ville
remodelée selon les mêmes critères que la haute, mais aussi revalorisée par
l’installation du présidial au-delà de la rue Vasselot, dans l’axe du Parlement
» 21 . Cependant, l’auteur précise que l’intervention ne se propageait ni vers la
Cité, ni vers le quartier Saint-Germain. Néanmoins, sa vision de la ville jugée
très coûteuse n’a pas été réalisée mais a laissé une trace dans l’histoire du
développement urbain de Rennes, car tous ses successeurs se sont inspirés
– ou presque – de ses idées.
Tel est le cas de l’architecte Jacques V Gabriel. En 1724, comme amorce
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AUBERT Gauthier, « De la ville médiévale à la ville des Lumières » in Gauthier Aubert, Alain
Croix, Michel Denis et al. Histoire de Rennes, Apogée, PUR, Rennes, 2006, p. 99
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