Pédagogie Urbaine dans les lieux communs MES ENSAB 2018 | Page 24
des bâtiments administratifs ou fi nanciers de deux à trois étages réalisés
avec la pierre noire locale. D’autres preuves telles que la construction d’une
ligne d’omnibus en 1904 et l’achèvement du réseau de la canalisation en
1911 10 démontrent également les tendances de l’évolution de la ville.
Cette opération, gérée par la Société de la canalisation d’Erevan, a été
réalisée grâce aux notables arméniens de la ville et met en lumière leur
rôle de bienfaiteurs dans le développement urbain et dans la vie sociale.
Ayant jusqu’au début des années 1910 une population majoritairement
musulmane, la composition ethnique d’Erevan bascule avec le début
de la première guerre mondiale et avec les massacres des arméniens
dans l’empire ottoman qui ont conduit environ 750000 réfugiés vers la
plaine d’Ararat, entre les années 1914-1918. N’ayant ni des moyens, ni les
infrastructures pour accueillir ces flux migratoires, la ville a été frappée
en 1916 par une famine, en comptant 51286 habitants, dont 37204
étaient des Arméniens 11 : à partir de cet événement et jusqu’à nos jours,
la population de la ville est restée majoritairement mono-ethnique.
Cette procédure d’ethnicisme du territoire s’est encore renforcée à
l’époque de la première République démocratique d’Arménie, entre les
années 1918-1921. Malgré le début des réflexions d’Alexandre Tamanian
en tant qu’architecte en chef, l’évolution urbanistique d’Erevan s’est
arrêtée durant cette période, et n’a repris son cours qu’à partir de 1924,
avec l’élaboration d’un nouveau plan de la ville.
10
COPEAUX ETIENNE, « Quelques réflexions sur les représentations arméniennes de l’histoire»,
in Hérodote, 74/75, 3e-4e trimestre 1994, p. 17
11
Cf. T. Kh. AKOPIAN, O�erk istorii Erevana, Izd Erevanskogo Universiteta, Erevan, 1977, p. 321.
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