Puissance et sécurité à l'épreuve des conflits du Proche-Orient. IHEDN_AR-18_C79_2015-2016_Sécurité et puissance | Page 56
Annexe 13 : Le régime syrien, la coalition et les autres
L'attitude des Occidentaux est très mouvante par rapport au dirigeant syrien. Après avoir réclamé
haut et fort son départ dès les premières manifestations et la répression féroce de celles-ci, les
Occidentaux ont été particulièrement velléitaires pour le faire partir. Puis les circonstances faisant
apparaître que sa disparition ne réglerait pas nécessairement les conflits en cours dans son pays, le
clan occidental admet maintenant que le dictateur est un acteur qu'il faut tolérer car incontournable
pour les futurs négociations et pour un règlement de la question syrienne.
Il faut aussi mentionner la présence de forces étrangères : la Russie, des brigades iraniennes et le
Herzbollah libanais. Ces forces étrangères pèsent de tout leur poids pour éviter l'écroulement du
régime en place à Damas. Dès lors il est compréhensible que même les discussions préalables en
vue d'un règlement du problème syrien peinent à commencer. La Russie, historiquement présente en
Syrie, soutient le Président syrien d'une manière indéfectible en fournissant tout l'armement
nécessaire aux troupes loyalistes au pouvoir ; mais devant l'imminence d'un effondrement,
l'investissement russe se transforme en une véritable intervention militaire. La campagne de
bombardements a pour but de consolider le pouvoir en place, ce qui explique pourquoi l'aviation
russe bombarde tous les opposants au pouvoir à Damas, Daech n'étant qu'un opposant parmi les
autres. Bien entendu il ne peut être question de former une grande alliance contre Daech, ce que
déplore la coalition. En Irak, la présence russe est marginale et ne pèse pratiquement pas sur la
situation en cours.
En Irak, les États-Unis occupent une mauvaise place dans ce jeu car ils sont à l'origine de la
situation suite à l'invasion de l'Irak en 2003 et leur retrait en 2010. Alliés traditionnels de la
monarchie saoudienne, ils ont du mal à se situer par rapport au conflit inter-religieux impliquant
désormais l'Iran. Certes, ils veulent la destruction de Daech mais ceux qui peuvent combattre le
califat à savoir les milices chiites sont tout autant peu susceptibles de rassembler dans la paix les
différentes communautés.
En Syrie, les États-Unis ne demandent plus le départ systématique de Bachar el-Assad mais sont
dans l'impossibilité de faire reconnaître une force d'opposition crédible de remplacement. La
formation de troupes pour lutter contre le dictateur est un échec patent.
La France a longtemps fait un préalable du départ de Bacchar el-Assad. Quels seraient les autres
interlocuteurs ? L'état des lieux est d'une extrême complexité. Outre les groupes armés divisés en
tendances qui parfois se combattent entre elles, on peine à trouver une opposition digne de ce nom.
La démocratie n'est pas le plus petit dénominateur commun entre eux. L'emprise de Daech sur une
importante partie du territoire syrien aggrave encore la situation locale. De plus resurgit le cas des
Kurdes de Syrie lesquels impliquent la Turquie dans le conflit en attisant de ce fait la minorité
turkmène. Dès les premières révoltes de février 2011, la France réclame le départ du Président
syrien et son remplacement par des forces démocratiques .Mais l'apparition de Daech qui occupe
une large partie du territoire syrien bouleverse la donne politique. La France adopte la position du
« ni, ni », c'est-à-dire refuse aussi bien Bachar el-Assad que Daech. L'évolution de la situation
courant 2015 voit la communauté internationale ne plus faire un préalable absolu au départ de
Bachar el-Assad, ce qui isole la France qui finit cependant par adopter une autre position.
Sur le plan militaire, la France intervient directement par des frappes aériennes contre le Califat.
Voyant partir des ressortissants français pour faire le djihad et passer ensuite à l'action sur son
territoire, la France ne veut pas rester inactive et désigne clairement son ennemi à abattre à savoir
l’État islamique.
56