Puissance et sécurité à l'épreuve des conflits du Proche-Orient. IHEDN_AR-18_C79_2015-2016_Sécurité et puissance | Page 55

Annexe 12 : La situation en Afghanistan et au Mali Est-il besoin de rappeler la situation afghane ? En décembre 2014, c'est sur un fond d'inquiétude que l'OTAN met fin après 13 ans à la mission de combat, la remplaçant par une mission de soutien. Cependant, l'Afghanistan est source d'inquiétude parce que la présence des talibans reste importante et dangereuse. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis ont basé leur politique de sécurité internationale sur la guerre contre le terrorisme. Cette guerre oppose des États à un ennemi assez difficile à identifier et à combattre, principalement composé de groupes extrémistes armés. L'ennemi n'est plus un État, mais plutôt de nombreux groupes mettant en danger les États-Unis d'Amérique. La réponse américaine devient donc principalement une guerre contre Al Qaïda et le jihad. Dans ce contexte, la guerre contre l'Afghanistan n'est qu'une conséquence de la guerre contre le terrorisme, parce que les talibans fraternisaient avec les dirigeants d'Al Qaïda. Les avis sur le succès de la mission de l'OTAN en Afghanistan sont partagés. Si certains y voient une réussite pour la démocratie et la liberté, d'autres sont plus pessimistes. Aujourd'hui, de nombreux Afghans pensent que leur État est trop faible pour faire face aux talibans. Il y a donc une crainte sur le sort qui est réservé à ce pays, d’aucuns craignant un retour des talibans alors que d'autres espèrent une consolidation des progrès. Au Mali, l’élément qui a été à l’origine de l’intervention française a été la subite offensive à partir du 7 janvier 2013 de plusieurs groupes de djihadistes d’Ansar Eddine et d’AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique) vers le sud du pays, franchissant la ligne de démarcation théorique et symbolique séparant géographiquement le nord du sud depuis la prise des villes du Nord par les islamistes au printemps 2012. Au vu de ces événements, l’action militaire française a pu être considérée comme nécessaire, bien que non exempte de questions et de critiques, et faisant l’objet d’un étonnant consensus. Quelle sera la durée de l’intervention française ? Il serait fort illusoire de croire que l’intervention française est facile et rapide. Comme l’a indiqué le président Hollande lors de sa visite au Mali le 2 février 2013 : « le combat n’est pas terminé », ajoutant même « la France restera avec vous le temps qu’il faudra ». Il s’agit typiquement d’une guerre asymétrique puisque plusieurs groupes de djihadistes formant au départ deux colonnes de pick-up ont pu être facilement repérés et attaqués par surprise. Puis sans vraiment livrer des combats, les forces françaises ont libéré les principales villes du nord-Mali : Gao, Tombouctou et Kidal. Mais, plusieurs centaines, voire milliers de djihadistes se sont évaporés dans le désert. Il faudra passer à une autre étape pour aller les rechercher dans un terrain beaucoup moins facile, d’où ils peuvent repartir à l’attaque quand ils le voudront et harceler militaires et civils pendant peut-être de longues années comme en attestent les attentats récents au Mali, au Nigeria et au Tchad. La seule alternative pour contredire ce retour de la « Françafrique » serait que les forces maliennes et africaines soient épaulées par un dispositif de forces internationales sous l’égide des Nations unies, via une opération de maintien de la paix, incluant sans doute des forces françaises et si possible avec des contingents d’autres pays européens. 55