Puissance et sécurité à l'épreuve des conflits du Proche-Orient. IHEDN_AR-18_C79_2015-2016_Sécurité et puissance | Page 49

mesure de protéger leurs intérêts, le port de Tartous notamment. Désormais, la Russie frappe de manière très significative les positions de Daech", détaille Jean-Yves Le Drian."Une victoire passe par une présence au sol". Comment va désormais s'organiser l'action française ? "Il faut du temps, des frappes, et des troupes au sol. Une victoire passe nécessairement par une présence au sol. Cela peut être les Kurdes, l'armée syrienne libre", détaille le ministre. Et des Français ? "On a pas envisagé cette hypothèse pour l'instant", indique le ministre. L'armée française va disposer dans la région des 26 chasseurs embarqués sur le porte-avions - 18 Rafale et huit Super Étendard - en plus des 12 appareils stationnés aux Émirats arabes unis (six Rafale) et en Jordanie (six Mirage 2000). Jean-Yves Le Drian s'est félicité "des modifications très sensibles des règles d'engagement, en particulier de l'armée de l'Air américaine" contre les "champs pétrolifères et les pôles d'approvisionnement pétrolier en Irak et en Syrie". "Aujourd'hui la multiplication des actions va considérablement limiter cette capacité", a-t-il souligné, alors que les avions de chasse américains ont commencé à bombarder des camions-citernes transportant du pétrole dans les fiefs de l'EI. 23 /10 / 2015 – revue de la défense Complément : Olivier ROY (les collections histoire n° 69 :) « On ne peut vaincre ni négocier avec Daech, pour vaincre il faudrait une opération militaire de très haut niveau, ce qui ne se fera pas à cause de l’échec américain en Afghanistan et en Irak. Quand aux bombardements, ils permettent certes d’aider les combattants locaux à Kobané l’aviation américaine est intervenue pour soutenir les kurdes mais pas pour reconquérir du terrain. Seuls les habitants du territoire contrôlé par Daech pourraient renverser Daech mais en ont-ils les moyens ? Et surtout chacun des grands acteurs régionaux ne considèrent pas Daech comme son ennemi principal. Les chiites irakiens sont quant à eux beaucoup plus dans une logique séparatiste que nationaliste. Le confessionnalisme politique est très fort en Irak et peu de leaders chiites ont la sagesse politique de vouloir intégrer les sunnites ne leur laissant que le choix que l’adhésion à Daech. Pour l’Arabie saoudite l’ennemi est l’Iran, et l’effondrement de Daech risquerait de profiter aux chiites, donc les saoudiens ne le souhaitent pas vraiment. Pour les Israéliens, Daech est une aubaine puisqu’il affaiblit le régime de Damas son ennemi stratégique et saigne le Hamas ainsi que le Hezbollah. Pour Bachar el-Assad, Daech se bat d’abord contre les ennemis intérieurs et lui permet de se présenter comme un adversaire du terrorisme international [….] Le mieux placé est l’Iran. Le pays a donc déjà gagné, reste que sa victoire doit plus à l’instabilité et au chaos qu’à ses propres forces. Les Iraniens n’ont peut être pas intérêt à stabiliser la région. D'ailleurs localement aucun acteur ne pense que la stabilité est une priorité et comme les Européens n’ont pas voulu intervenir, on peut dire que nous sommes dans la guerre de trente ans, mais plutôt au début ». Le bilan de Barkhane un an après l’opération au Mali Le théâtre d’opérations s’étend sur 3,5 millions de km2 soit une étendue représentant 6 fois la France. Plus de 3 000 militaires sont déployés dans le cadre de l’opération Barkhane. A titre de comparaison 4 000 militaires français étaient présents en Afghanistan au plus fort des opérations. Ils étaient placés sous le commandement du général de division Jean-Pierre Palasset qui a conduit l’opération à partir d’un poste de commandement interarmées unique stationné à N’Djamena (au Tchad).Il a été remplacé le 1er aout 2015 par le général de division Patrick Brethous. Depuis le lancement de l’opération Barkhane, le 1er août 2014, les forces françaises ont à déplorer la mort de deux sous-officiers : l’adjudant Thomas Dupuy, le 29 octobre 2014, du commando parachutiste de l’Air n°10 ; l’adjudant Samir Bajja, le 29 novembre 2014, du Service des essences des armées. 125 ont été mis hors de combat lors des affrontements qui les ont opposés à la force, dont 65 ont été capturés et transférés aux forces partenaires. 20 tonnes de munitions saisies et 49