Puissance et sécurité à l'épreuve des conflits du Proche-Orient. IHEDN_AR-18_C79_2015-2016_Sécurité et puissance | Page 38

diversité des moyens d’action - Recherche d’effets induits pour les opérations - Action d’une ampleur inconnue - Accroissement d’une capacité de frappe mondiale et globale en mer, sur terre, dans les airs et dans le cyberespace - développement d’un sentiment diffus et permanent de menace et d’insécurité. Cette menace durable et généralisée, qui concerne les enjeux énergétiques, les flux des biens, des personnes et des informations, pèse sur les « Espaces publics mondiaux » ou « Global commons » (Espace aérien ; Cyberespace ; Domaine maritime ; Espace exo-atmosphérique) et découvre l’étendue de la vulnérabilité des États. Cette nouvelle forme de conflits, sans visée territoriale, a mené les États-Unis à modifier le centre de gravité de ses forces en le transférant de l’Europe vers l’Asie où les États se trouvent confrontés à des ambitions similaires. La « maritimisation » de l’économie (avec le gigantisme des navires de commerce et l’ouverture de nouvelles routes) ; la multiplication des projets hauturiers d’exploitation des ressources ; la raréfaction des ressources halieutiques opposent des entités transnationales où chaque État est devenu vulnérable dans l’immensité des océans où la liberté de navigation est la règle (utilisation de navires comme armes de destruction ou de contamination de terminaux ou d’obstruction de points de passage en eaux restreintes). Le potentiel de nuisance sur la croissance de l’économie mondiale, condition nécessaire à une paix durable, s’accroît sans cesse avec le cybersabotage contre des systèmes critiques sensibles par l’insertion de logiciels malveillants (« malwares ») et d’informations erronées dans les infrastructures des systèmes informatiques de communication et dans le trafic des flux énergétiques. Des technologies-clefs pour la navigation maritime comme le GPS ; le système d’identification automatique maritime (AIS) ou le système de visualisation des cartes maritimes numériques (ECDIS) peuvent subir des modifications intentionnelles et criminelles de leurs données. De même, des avions peuvent être déroutés, voire perdus. Le terrorisme privilégie des attaques sur les aéroports, les ambassades et services consulaires, les grands hôtels internationaux, ainsi que les lieux de rassemblement touristiques, pour obtenir l’écho médiatique le plus marquant possible. Enfin, des attaques terroristes sur les ports, suivies d’éventuelles répliques, entraînent le ralentissement des échanges (avec un impact plus élevé sur des pays en développement davantage tributaires des exportations) et contribuent à la récession mondiale. L’atteinte économique provoquée par un attentat contre un élément interdépendant de cette chaîne logistique mondiale se répercute de façon systémique à tous les autres. Le chaos ainsi généré (dont le coût économique croissant et le temps indispensable à la vérification de la menace) demeure difficile à gérer dans un pays démocratique en raison de la diversité et de la complexité des chaînes de décision impliquées. Quid de l’avenir ? Nous l’avons vu, le terrorisme a besoin d’espace et de temps. Il n’a pas de front, pas de limite géographique. Il ignore les frontières des pays, les conventions, les traités internationaux et nos lois. Son efficacité tient à ce qu’il dispose de domaines de liberté auxquels ses adversaires n’ont pas 38