Puissance et sécurité à l'épreuve des conflits du Proche-Orient. IHEDN_AR-18_C79_2015-2016_Sécurité et puissance | Page 17

actuellement en dessous de 1,6 enfant par femme (donnée de 2012), bien inférieur au taux de renouvellement de la population. A titre de comparaison, celui de la France est de 2,01 pour la même année. Les niveaux les plus bas se trouvent dans les pays méditerranéens et dans les pays de l'Est de l'Europe. Le déclin de la natalité est un phénomène quasiment généralisé au sein de l'Union européenne et ce taux a chuté de plus de 45 % des années 1960 à nos jours. Les migrants présentés en Allemagne comme une chance économique (pour payer les retraites d'une population qui ne se renouvelle plus) sont aujourd'hui objets d'un débat vif et d'une contestation forte de la population qui se trouve soudain confrontée à une insécurité inattendue : les viols de Cologne et, dans une moindre mesure, d'autres villes, dont les auteurs sont manifestement des migrants originaires de Syrie ou du Maghreb, ne peuvent pas être assimilés à de simples « dégâts collatéraux ». La solidarité et l'humanité dont on pouvait faire montre semblent aujourd'hui d'une moindre actualité. L'Europe, puissance économique, a une force attractive pour tous (ou presque) les « damnés de la terre » qui voient dans l'Union une garantie de survie et une source de richesses qu'ils ne trouvent pas chez eux. Cette situation n'est pas sans rappeler les invasions barbares qui ont précipité la chute de l’Empire romain 24 . L'Europe est sans doute un territoire à conquérir ou à subvertir. Mais de quoi parle-t-on ? Qui sont les migrants ? On peut en distinguer deux catégories, qui appellent des traitements différents : • les migrants économiques qui fuient la misère et le sous-développement, qui cherchent par tous les moyens à entrer en Europe, véritable eldorado ou miroir aux alouettes, comme le sont les États-Unis pour les Mexicains et autres Sud-Américains. • les réfugiés politiques qui fuient la guerre ou l'oppression dans leur pays. En droit international, le « réfugié » est le statut officiel d’une personne qui a obtenu l’asile d’un État tiers. Il est défini par une des conventions de Genève 25 : « Le terme “réfugié” s’appliquera à toute personne (…) qui, craignant d’être persécutée du fait de sa race [son origine], de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner. » Les flux migratoires qui touchent l'Europe à ses portes et la traversent de part en part posent actuellement le problème des frontières et du principe de libre circulation au sein de l'espace Schengen. Le droit des États - Membres à restaurer provisoirement un contrôle à leurs frontières, la difficulté voire l'impossibilité pour les États – Membres, surtout ceux qui sont en première ligne, à assurer un contrôle des entrées, l'absence d'une véritable politique commune en matière d'immigration, l'insuffisance du dispositif FrontEx risquent fort de faire voler en éclat le principe de la libre circulation. Paul Champsaur, ancien directeur général de l'INSEE 26 , dresse le tableau de l'immigration en France : « L'immigration était, en moyenne sur les dix dernières années allant jusqu'en 2013, de 210 000 personnes par an ; avec une hausse les dernières années. Cela entraîne une augmentation de 100 000 personnes par an de la population immigrée (5,8 millions) » après déduction des décès et des retours dans le pays d'origine. L'immigration non européenne représente environ 50% du total. « L'immigration en France est, en proportion, la moitié de l'immigration moyenne dans les pays de l'OCDE. La France n'est plus un pays d'immigration importante, notamment en comparaison européenne. » Les réfugiés syriens arrivent en France depuis 2014 à raison de quelques dizaines de milliers en 2015 et probablement autant les années suivantes. 4 à 5 millions de Syriens ont dû quitter leur pays pour la Turquie ou le Liban notamment et beaucoup espèrent entrer en Europe en traversant les Balkans. Selon Paul Champsaur, « les conséquences économiques des flux potentiels de réfugiés syriens en France sont faibles mais pas négatives » (en ce qui concerne les 24 Cf. annexe 14 25 Convention de Genève relative au statut des réfugiés signée en 1951 et ratifiée par 145 États membres des Nations Unies 26 La Croix, lundi 11 janvier 2016 17