Puissance et sécurité à l'épreuve des conflits du Proche-Orient. IHEDN_AR-18_C79_2015-2016_Sécurité et puissance | Page 16

assument ce rôle avant tout au nom de la sécurité de leur territoire. Les États-Unis s'appuient sur de nombreux alliés avec lesquels ils signent des alliances politico-militaires. L'OTAN demeure ainsi un élément clé de leur présence en Europe. Au final, ce système d'alliances procure aux États-Unis un large soutien international. Les alliés s'accommodent fort bien de la protection américaine et confortent les États-Unis dans leur rôle de « gendarme ». Si ce rôle de « gendarme » est attribué aux États-Unis, le monde depuis 1991 semble néanmoins répondre davantage à une gestion multilatérale. En effet, la fin de la guerre froide a vu la coopération internationale se renforcer. L'espoir d'une gestion plus multilatérale fait alors son apparition. En outre, l'affirmation du pôle européen remet en cause l'idée d'hégémonie américaine. Malgré tout, le nouvel ordre international repose sur la coopération internationale plus étroite qu'au temps de la guerre froide et sur l'affirmation du pôle européen, d'autant plus souhaitable que la conjoncture internationale paraît instable. Le nouvel ordre international est en proie à l'instabilité liée à la multiplication des conflits sur le globe et à la montée du terrorisme islamique. Depuis 1991, le monde évolue dans un cadre où les États-Unis assurent le leadership. Mais ce nouvel ordre international ne se résume pas à la seule hégémonie américaine. La coopération internationale s'intensifie et l'Union européenne devra s’affirmer de plus en plus sur la scène internationale. On note dans le même temps que la Russie réinvestit la scène internationale tant diplomatiquement que militairement (Syrie, mais aussi Ukraine). Quant à la multiplication des conflits régionaux et au terrorisme international, ils sont révélateurs de la complexité du nouvel ordre, qui contraste fortement avec la très visible logique bipolaire du temps de la guerre froide. II 3. Puissance économique et culturelle, mais... A défaut d'être une grande puissance, la France reste une puissance, limitée en raison des moyens militaires dont dispose son armée, du fait des contraintes budgétaires. Et à l'heure de la mondialisation, la France, puissance moyenne, souffre aussi de l'absence d'une Europe de la défense. L'Union européenne apparaît, avec ses 28 États - Membres sans oublier les pays associés comme la Suisse, comme une puissance économique incontestable tout en restant un « nain politique », selon la formule saisissante bien connue. Cet ensemble ne laisse cependant pas indifférent et suscite convoitise et ressentiment (un phénomène de mimétisme qui rappelle René Girard) suivant que l'on se place sous l'angle économique, sociétal et culturel. Les événements qui défraient actuellement l'actualité donnent souvent l'impression que les mécanismes de la tragédie grecque sont de nouveau à l’œuvre, que l'« ubris », cet orgueil faisant injure aux dieux et s'affichant à travers une réussite économique insolente et une société consumériste et libérée, provoque la colère des « damnés de la terre » qui partent à l'assaut de la citadelle assiégée. L'opulence attire ceux qui sont démunis dans leur pays d'origine et qui ne se connaissent pas d'avenir chez eux ; l'évolution sociétale que l'on peut résumer par l'individualisme et la perte des valeurs provoque la réaction terroriste qui veut annihiler un monde honni. Face à eux, l'Union européenne et ses États – Membres témoignent d'une forme d'impuissance et peinent à assurer la sécurité de leur population. La France est donc une puissance économique, au 7 ème rang mondial, avec des atouts incontestables mais aussi une grande fragilité : une dette abyssale (2000 milliards d'euros) qui souligne le risque d'un scénario à la grecque à l'échelle européenne par défaut de paiement des dettes souveraines, une croissance quasi nulle, un chômage record de près de 10% dont on attend toujours que la courbe s'inverse. Quant à l'Union européenne, elle compte, au 1 er janvier 2015, 508,2 millions d'habitants et se situe derrière la Chine mais devant les États-Unis : avec son poids économique considérable, l'Europe est une force face aux États- Unis et à la Chine. Mais le dynamisme économique dépend du dynamisme démographique qui ne se manifeste plus en Europe sauf, de façon limitée cependant, en France. Le taux de fécondité en Europe, en effet, se situe 16