Puissance et sécurité à l'épreuve des conflits du Proche-Orient. IHEDN_AR-18_C79_2015-2016_Sécurité et puissance | Page 18
effets sur les recettes fiscales, l'emploi,...).
Au niveau européen, la question se pose surtout en Allemagne et en Suède, principaux pays de
destination, dont les réactions négatives d'une partie de la population vont certainement bloquer une grande
partie des réfugiés syriens hors d'Europe, ce qui impose la recherche de solutions en Syrie pour leur
permettre de rentrer chez eux et y vivre en paix. Il est à noter que la question des réfugiés avec son lot quasi
quotidien de trafics, de drames en mer ou sur les côtes grecques, ses marées humaines à travers les Balkans,
l'érection de clôtures à la frontière hongroise, etc. ont fait oublier l'arrivée d'autres migrants attirés par
l'eldorado européen sur l'île de Lampedusa si, par chance, leur embarcation de fortune n'avait pas sombré.
La « crise des migrants » a donc conduit plusieurs pays membres de Schengen à rétablir des
contrôles à leurs frontières. Mais les dysfonctionnements constatés ont aussi suscité nombres de réflexion sur
l'avenir de l'espace Schengen. Ainsi à propos de l'Allemagne, Henrik Uterwedde écrit : « Il est urgent de
mettre fin au sentiment d'impuissance de l’État dans ses fonctions régaliennes, qui désespère l'électorat
modéré et risque de miner la confiance des citoyens 27 . » Voilà qui fait écho au propos de Jean-Claude
Barreau 28 : « Une immigration heureuse est possible et a d'ailleurs existé jusqu'au début des années 1980.
Cela suppose deux conditions. La première est de limiter les flux : l'immigration doit être « une rivière » qui
enrichit « le fleuve » national et non une vague qui le submerge. La seconde est l'assimilation des nouveaux
venus à la culture nationale. »
« Le XXI ème siècle sera religieux ou ne sera pas. » Ce propos que l'on attribue sans doute à tort à
André Malraux résonne aujourd'hui de façon particulière. En situant le propos dans son contexte et en
poussant l'analyse, Arnold Lagémi 29 conclut : « Le danger réside maintenant dans le risque d’affrontement
planétaire entre ces différents réveils spirituels dont chacun n’échappe pas aux velléités hégémoniques qui,
dépassant le seul domaine de la spiritualité rejoignent le domaine politique, générateur de conflits. La
simultanéité de ces réveils reste le danger ultime auquel sont confrontés les dirigeants de notre temps. » Car,
on ne peut que le constater, l'islam, une religion donc, est bien aujourd'hui le point d'ancrage du terrorisme en
France et en Europe. « Quand un pays est en guerre, écrit Chantal Delsol 30 , ce n'est jamais contre LE MAL,
mais contre une adversité - et celle-ci est repérable, descriptible, enracinée quelque part - ici dans l'islam
d'où il faut la comprendre. (…) Si nous ne tentons pas de comprendre comment le terrorisme islamiste
provient de la religion musulmane, si nous nous contentons de le traiter de barbarie diabolique sans vouloir
la rattacher à rien ni identifier la menace, nous perdons alors toute possibilité d'y répondre. »
Certes l'islam tel que le vit la très grande majorité des musulmans français n'a rien à voir avec l'islam
dévoyé de Daech et des terroristes qui s'en réclament. Mais il faut cependant reconnaître que l'islam porte en
lui-même les germes des problèmes actuels : une religion figée depuis le XI ème siècle et des principes validés
par le Coran qui échappent à nos principes moraux. Le Père Henri Boulad 31 s'en explique : ouvrir l'islam à la
pensée critique, « c'est impossible pour les musulmans : cela leur est interdit, depuis dix siècles, par la
décision de « fermer la porte de l'ijtihad » (« renouveau ou effort intellectuel » pour moderniser la lecture du
Coran). » La taqiya – l'art de la dissimulation, accepté selon les règles de l'islam - est « le moyen par
excellence qui permet aux musulmans de mentir aux non-musulmans pour la défense de la doctrine
islamique, de ruser et de tromper les adversaires ». Enfin l'islam ne semble pas compatible avec la
démocratie : « Les islamistes utilisent la démocratie pour la tuer. » Pour eux, les lois d'Allah (la charia) sont
supérieures à celles des hommes. Le recrutement des djihadistes montre clairement l'exactitude de cette
analyse. Une vidéo publiée par la branche médiatique de Daech, Al-Hayat Media Center, et évoquée par
Valeurs actuelles 32 se positionne nettement en ce sens, d'abord par un verset du Coran qui sert de titre à cette
propagande : « Et tuez les tous où que vous les rencontriez.» Un des militants islamistes enjoint ensuite ses
auditeurs à « apprendre » leur religion : « Le djihad est une obligation individuelle comme la prière » 33 .
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Henrik Uterwedde, Allemagne : une année décisive, La Croix du mardi 19 janvier 2016
Jean-Claude Barreau, Le Figaro du 5 février 2016, propos recueillis par Alexandre Devecchio
Arnold Lagémi, André Malraux prévoyait-il un XXI ème siècle religieux ?, blog terredisrael.com
Delsol Chantal, Terrorisme : oser nommer l'ennemi, Le Figaro du lundi 11 janvier 2016
Père Henri Boulad, Entretien dans Valeurs actuelles du 17 décembre 2015
Valeurs actuelles du 28 janvier 2016, La nouvelle bande-annonce macabre de Daech
Cf. en annexe 16, le point de vue de l'imam Tareq Oubrou
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