Après 30 ans de photographie, Maurice Henri
tourne son regard vers l’avenir
Margaret Patricia Eaton
Maurice Henri se livre à la
réflexion. « Trente années à
faire de la photographie, c’est y
consacrer beaucoup de temps;
mais je le fais par pur plaisir
parce que ce qui était un passe-
temps a évolué en mon métier, se
rappelle-t-il. J’avais presque 30
ans à l’époque, et tout le monde
me disait “Tu ne peux pas gagner
ta vie à faire ce boulot-là”, et tout
d’un coup, 30 années se
sont écoulées. »
Après tant d’années, nombreux
sont ceux qui songeraient à la
retraite. Mais pas Maurice Henri.
Pour cet homme, le temps passé
à faire de la photographie en
studio ou de la photographie
commerciale était une bonne
occasion de se perfectionner.
« Pour être compétent, il faut
y travailler tous les jours, dit-il,
mais la photographie artistique et
mon travail humanitaire, l’union
de l’art et du ressourcement
thérapeutique, ça, ce sont mes
passions. Tant que je pourrai
travailler, jamais je ne renoncerai
au programme Cameras for
Healing (la photographie pour
guérir), j’en suis sûr. C’est
gratifiant et enrichissant d’aider
son prochain tout en faisant ce
qu’on aime, et moi j’adore la
photographie. »
Monsieur Henri compte profiter
de techniques modernes et de
nouvelles perspectives pour
changer l’orientation de Cameras
for Healing et viser les aînés,
mais il révèle que le tournant de
sa carrière est survenu lorsqu’il a
rencontré le photographe,
Freeman Patterson.
« Je me cons idère chanceux
d’avoir fait sa connaissance;
il est le gourou
non seulement de
la photographie
artistique, mais aussi
de la psychologie
sous-jacente. En
2004, il m’a choisi,
moi et douze
photographes de
partout en Amérique
du Nord, pour
l’accompagner
pendant son voyage
de deux semaines
en Afrique. Quelle
expérience profonde
et édifiante de
communier avec la
nature et d’apprécier
sa beauté! »
Maurice Henri est
resté deux semaines
de plus que prévu,
deux semaines, qui
ont changé sa vie. En
effet, il a loué une
camionnette pour en
Grandmother’s Embrace (un câlin de grand-
découvrir davantage
maman), dans laquelle figure Sandoui, la fillette
mentionnée dans l’article. Afrique du Sud, 2005.
sur le continent
Gracieuseté de MAURICE HENRI
noir, mais il a
plutôt découvert les
programme Cameras for
Africains. « Je suis photographe
Healing, mais c’est ce qui
portraitiste. Je souhaitais me
s’est produit. »
promener dans les villages pour
Il y est retourné 28 fois, a aidé
observer les gens et j’ai vu la
à bâtir des écoles, y compris
souffrance et la famine, et ça
une dans le village où enseigne
m’a touché. »
Sandoui aujourd’hui, et a lancé
Il se souvient d’une femme de
Cameras for Healing ailleurs dans
87 ans qui élevait 18 orphelins et
le but d’aider d’anciens enfants
d’une fillette de 8 ans, Sandoui,
soldats et des orphelins du sida.
« qui m’a dit que si elle pouvait
Les participants au programme
aller à l’école, elle apprendrait à
reçoivent de nouveaux appareils
lire et à écrire, et quand elle serait
photo et apprennent à les utiliser.
grande, elle prendrait soin de son
On les encourage à parler de leurs
peuple. Je suis tombé amoureux de émotions quand ils présentent
ces gens-là. Je n’ai pas été là-bas
leurs photos; ils gagnent ainsi
avec l’intention de faire bâtir des
en assurance et leur estime de
écoles ni d’y mettre sur pied un
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