PORTAIL MULTIPLAN
J
oann Sfar n’est pas un auteur de romans. En
effet, il s’avère que, dans sa carrière, il s’est
plutôt spécialisé dans la bande dessinée.
Certains penseraient même qu’il s’agit de l’un
des auteurs-dessinateurs de BD les plus grands
de France.
Et, même si je ne pense pas cela, il n’empêche
que j’apprécie grandement le travail de cet
artiste qui ne m’a jamais déçu. Donjon, Le Petit
Prince, Le Chat du Rabbin…
Tant d’œuvres que cet homme a écrit et qui
ont toujours été intéressantes à lire et à regarder.
Mais alors, lorsque l’on apprend que Joann Sfar
a écrit un roman, cela ne peut que susciter une
forte envie de l’acheter. Et après lecture, je ne
peux dire qu’une chose : Sfar est meilleur avec la
bande-dessinée…
Nous commençons le récit directement avec
la mise en place des personnages du roman
: Ionas et Caïn, deux frères juifs commandant
une troupe cosaque lors de la Première Guerre
Mondiale et qui ont décidé (avec leur troupe,
bien sûr) de déserter le champ de bataille.
Viennent ensuite Haydée et Mérij, deux sœurs
qui, elles, ont remarqué le bataillon s’étant posé
près de leur maison et ont décidé de s’acoquiner
avec les guerriers.
Caïn commencera à coupler avec tout un
tas de femmes puis remarquera Haydée, avec
laquelle il restera tandis que Ionas se lamentera
(en jouant du violon) sur sa femme, Hiéléna, qu’il
a laissé à Odessa seule.
Mais voilà qu’un jour, tout ce beau monde
se fait attaquer par les Allemands, qui avaient
décidé de passer par le fleuve sur lequel s’était
posé la troupe. Ils ne firent qu’une bouchée des
soldats russes, tuant Ionas lancé dans la bataille,
brûlant Haydée qui mourra en hurlant le nom
de Caïn et griffera son ventre désormais bien
rebondi et emmenant Mérij avec eux.
Seul Caïn arrivera à survivre à tout cela, s’étant
caché dans un coin le temps que les choses se
calment. Il repartira à Odessa puis ira voir la
famille de Hiéléna pour annoncer la nouvelle
désastreuse. Le souci, c’est qu’il va finalement
tomber amoureux de Hiéléna et cette dernière va
également tomber sous le charme de
l’homme brutal mais pas violent.
Et leur premier baiser fut tel qu’il réveilla Ionas
qui s’avérait finalement pas tout à fait mort (mais
pas tout à fait vivant, non plus).
Ce dernier va alors devoir adapter sa nouvelle
«vie» à son mode de consommation. Parce
que vampire n’est pas forcément qu’un conte
fantastique…
L’intrigue est posée mais celle-ci va
rapidement se trouver mouvementée avec
l’arrivée de nouveaux personnages (ou plutôt le
«changement» de certains personnages).
Le livre est divisé en deux parties : une se passant
en Russie à l’époque des Révolutions bolchevikes
et l’autre se déroulant au XXIème siècle aux
Etats-Unis (où Ionas va subir des thérapies d’une
psychanalyste).
On a droit à du Sfar en
puissance : des personnages
tous aussi déjantés les uns
que les autres (on aura même
droit à Lovecraft qui n’est
finalement pas si mort que
ça), une histoire intéressante
et intrigante, un univers assez
bien foutu…
MAIS (parce qu’il y a
forcément un «mais») ce que le
livre peut être mal écrit…
Comprenez-moi
bien,
l’écriture n’est pas trop
mauvaise non plus, elle est
lisible mais on a vraiment du
mal à se sentir plongé dans
l’univers !
Sfar a un talent pour le
dessin et c’est parfait pour la
bande dessinée mais pour
les romans, il faut faire des
descriptions… Et là, bah, c’est
plus dur (pour lui, en tout cas).
Le plus difficile à
comprendre dans ce récit
seront les pensées des
personnages : parce que ces
derniers (notamment Ionas)
sont tellement obsédés par
leur pensée qui change de
direction presque toutes les
minutes que ça en devient
ardu à suivre.
Sans compter que Sfar
a osé créer tout un univers
sans JAMAIS l’approfondir. Et
résultat, le lecteur, une fois le
livre terminé, sent comme un
sentiment de «pas fini»…
Un livre intéressant donc
mais pas à mettre entre les
mains de tout le monde.
Titre originel (Français) : L’Éternel
Auteur : Joann Sfar
Genre : Fantastique
Pages : 455
Date de sortie : 2013
Nimai
PixaRom magazine
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