APERÇUS
S
i vous n’avez jamais entendu parler de
Death to Spies, c’est normal : il se situe
plus ou moins dans la gamme des
obscurs jeux russes, encore qu’à cent coudées
au-dessus d’une daube infâme comme Prisoner
of Power. Si vous avez envie de rire un bon coup,
cherchez ce jeu sur JVC.
Death to Spies permet un brin moins de se
fendre la poire, car à l’instar de Velvet Assassin
(dont votre humble serviteur a produit un
test sur RomStation) il fait partie de ces jeux
d’infiltration rigides et exigeant, mais avec
une exigence qui offre plus un soulagement
lorsqu’on passe les pièges tendus par le soft
plutôt qu’une réelle satisfaction à avoir rondement mené une situation.
Après une introduction plus ou moins soporifique relatant les états de service de membres
du SMERSH, le contre-espionnage soviétique
de sinistre renom durant et après la seconde
guerre mondiale, vous incarnez un agent russe,
qui raconte ses opérations et paf, commençons
par celle sobrement intitulée « Cannibale », consistant à kidnapper un gros bonnet SS dans un
camp isolé.
Après avoir admiré les cinématiques d’un
autre âge et le mouvement désynchronisé des
lèvres des personnages, vous voilà largué en
pleine campagne avec un attirail dont il va falloir
vous débarrasser, car y aller par la manière forte
risque bien de vous mener à une tombe précoce
; il faut régulièrement changer d’uniforme.
Et c’est là tout le problème : les gardes sont «
trop » compétents. Même en faisant ce que le jeu
veut, comme se muer en chauffeur pour accéder
au camp, si le troufion de base ne dit rien, le
lieutenant, si vous approchez trop près, sonnera
l’alerte générale et c’est la mise à mort directe...
Ce cas de figure se présente à des degrés variables, mais toujours contraignants, avec tous les
uniformes, ce qui amène parfois à des incohérences : pourquoi tel garde dans le bâtiment se
rendra compte que, tient donc, le Stormleader
n’a pas le même visage que d’habitude, alors
que les autres n’y verront que du feu ?
Si on peut apprécier le souci de vraisemblance (comme aussi le fait qu’on ne puisse pas
prendre l’uniforme d’une personne qu’on a lardé
de coups de couteaux) appliqué de façon aussi
rigide au gameplay, cela donne un résultat souvent frustrant. Devoir toujours naviguer dans la
distance « sécurisée » pour qu’un type d’ennemi
précis n’ait pas un éclair de lucidité n’est pas
exactement le modèle du fun. Alors qu’à côté de
ça, la fameuse dissonance dans la compétence
de l’IA revient : vous pourrez utiliser un cadavre
comme appât dans un coin pour le transformer
en death zone et éliminer toute une portion
d’ennemis gênants. Personnellement, au bout
de deux cadavres les bras en croix, j’irai déjà
sonner l’alerte avant de vérifier s’ils sont bel et
bien morts.
Bien sûr, il y a le plaisir du prédateur tuant
ses proies discrètement et d’être le loup dans la
bergerie, sauf qu’en définitive les moutons ont
des dents plus acérées que les vôtres. La relative
liberté d’action se heurte à des solutions nettement plus praticables que d’autres.
Et par ailleurs, la réalisation est datée : clipping, cadavres restant dans des positions
grotesques, gardes revenant discuter avec le
camarade, sauf que vous avez tué ledit camarade et que l’autre pingouin se retrouve à parler
au vide, lèvres qui ne bougent pas lors des dialogues hors-cinématiques...
Les mordus d’infiltration y trouveront un
défi, mais le relatif manque d’ambiance finira
de décourager ceux cherchant un challenge raisonnable et pas une épreuve incluant le die and
retry à hautes doses, observation minutieuse de
l’environnement ou pas.
Grand avantage par rapport à Velvet Assassin
néanmoins, la map ne requiert pas de passer
par le menu des options et vous pouvez sauvegarder à n’importe quel moment. Croyez-moi,
pour garder votre santé mentale, ce ne sera pas
un luxe.
-
-
En
bref...
- Un contexte qui change :
des opérations obscures via les
yeux d’un agent soviétique
- Un effort louable pour
la vraisemblance
- Du fil à retordre pour
les amateurs
- Une IA, c’est un comble,
trop efficace, risquant de
tout faire capoter alors que
la situation semble clean
- Une réalisation accusant
son âge
- Un Gameplay manquant
d’originalité
- Une atmosphère un
peu terne
Aronaar
PixaRom magazine
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