PixaRom Sep.2014 | Page 17

APERÇUS S i vous n’avez jamais entendu parler de Death to Spies, c’est normal : il se situe plus ou moins dans la gamme des obscurs jeux russes, encore qu’à cent coudées au-dessus d’une daube infâme comme Prisoner of Power. Si vous avez envie de rire un bon coup, cherchez ce jeu sur JVC. Death to Spies permet un brin moins de se fendre la poire, car à l’instar de Velvet Assassin (dont votre humble serviteur a produit un test sur RomStation) il fait partie de ces jeux d’infiltration rigides et exigeant, mais avec une exigence qui offre plus un soulagement lorsqu’on passe les pièges tendus par le soft plutôt qu’une réelle satisfaction à avoir rondement mené une situation. Après une introduction plus ou moins soporifique relatant les états de service de membres du SMERSH, le contre-espionnage soviétique de sinistre renom durant et après la seconde guerre mondiale, vous incarnez un agent russe, qui raconte ses opérations et paf, commençons par celle sobrement intitulée « Cannibale », consistant à kidnapper un gros bonnet SS dans un camp isolé. Après avoir admiré les cinématiques d’un autre âge et le mouvement désynchronisé des lèvres des personnages, vous voilà largué en pleine campagne avec un attirail dont il va falloir vous débarrasser, car y aller par la manière forte risque bien de vous mener à une tombe précoce ; il faut régulièrement changer d’uniforme. Et c’est là tout le problème : les gardes sont « trop » compétents. Même en faisant ce que le jeu veut, comme se muer en chauffeur pour accéder au camp, si le troufion de base ne dit rien, le lieutenant, si vous approchez trop près, sonnera l’alerte générale et c’est la mise à mort directe... Ce cas de figure se présente à des degrés variables, mais toujours contraignants, avec tous les uniformes, ce qui amène parfois à des incohérences : pourquoi tel garde dans le bâtiment se rendra compte que, tient donc, le Stormleader n’a pas le même visage que d’habitude, alors que les autres n’y verront que du feu ? Si on peut apprécier le souci de vraisemblance (comme aussi le fait qu’on ne puisse pas prendre l’uniforme d’une personne qu’on a lardé de coups de couteaux) appliqué de façon aussi rigide au gameplay, cela donne un résultat souvent frustrant. Devoir toujours naviguer dans la distance « sécurisée » pour qu’un type d’ennemi précis n’ait pas un éclair de lucidité n’est pas exactement le modèle du fun. Alors qu’à côté de ça, la fameuse dissonance dans la compétence de l’IA revient : vous pourrez utiliser un cadavre comme appât dans un coin pour le transformer en death zone et éliminer toute une portion d’ennemis gênants. Personnellement, au bout de deux cadavres les bras en croix, j’irai déjà sonner l’alerte avant de vérifier s’ils sont bel et bien morts. Bien sûr, il y a le plaisir du prédateur tuant ses proies discrètement et d’être le loup dans la bergerie, sauf qu’en définitive les moutons ont des dents plus acérées que les vôtres. La relative liberté d’action se heurte à des solutions nettement plus praticables que d’autres. Et par ailleurs, la réalisation est datée : clipping, cadavres restant dans des positions grotesques, gardes revenant discuter avec le camarade, sauf que vous avez tué ledit camarade et que l’autre pingouin se retrouve à parler au vide, lèvres qui ne bougent pas lors des dialogues hors-cinématiques... Les mordus d’infiltration y trouveront un défi, mais le relatif manque d’ambiance finira de décourager ceux cherchant un challenge raisonnable et pas une épreuve incluant le die and retry à hautes doses, observation minutieuse de l’environnement ou pas. Grand avantage par rapport à Velvet Assassin néanmoins, la map ne requiert pas de passer par le menu des options et vous pouvez sauvegarder à n’importe quel moment. Croyez-moi, pour garder votre santé mentale, ce ne sera pas un luxe. - - En bref... - Un contexte qui change : des opérations obscures via les yeux d’un agent soviétique - Un effort louable pour la vraisemblance - Du fil à retordre pour les amateurs - Une IA, c’est un comble, trop efficace, risquant de tout faire capoter alors que la situation semble clean - Une réalisation accusant son âge - Un Gameplay manquant d’originalité - Une atmosphère un peu terne Aronaar PixaRom magazine    17