PixaRom numéro 1 octobre 2013 | Page 83

Soit t'es Pouchkine, soit t'es Pouchkout! En tout cas, évite le knock-out! -Ce fut atroce pour mes oreilles. Je vous souhaite la bonne soirée, conclut Momo. Mais à peine avaient-ils franchis la porte de sortie que Jean et Momo se retrouvèrent devant des soldats montés sur des planches à voile. Dekon avait en effet soudoyé les kleptomanes pour voler le secret des véliplanchistes, avant d’éliminer les représentants locaux des deux races avec des machine-gun à guimauves radioactives. - Général Aymar, l'empereur Dekon vous réclame dans son palais. Momo et Jean se regardèrent, cette équipée partait bien mal. Le général avait certes son épée, mais qui serait de peu de poids contre les vibro-hallebardes des soldats impériaux, et l’elfe n’avait qu’une grande louche à l’utilité douteuse. - Qu’attend l’empereur de moi ? tenta Jean dans l’espoir d’une nouvelle pas trop horrible. - Vous avez laissé une étiquette ‘propriété de Jean Aymar, ne pas boire’ sur une des bouteilles d’acide retrouvées près du coffre-fort troué, expliqua un des fantassins. Comme un morceau de la relique sacrée a disparu, l’empereur aimerait causer de cette étrange coïncidence avec vous. - Et cet elfe est arrêté aussi pour cause de complicité possible et d’attentat au bon goût, on a pas idée de porter une mitaine comme ça. Momo protesta lâchement, mais fut embarqué en même temps que son ami, les soldats étaient trop nombreux. On les plaça sur les planches à voiles équipées de roulettes multidirectionnelles, le lieutenant donna un coup dans sa trompe à vent, une brise se leva et ils fendirent les plaines en direction de la capitale. Comme les soldats n’étaient pas des idiots, Momo et Jean n’étaient pas sur des planches proches l’une de l’autre, et ils ruminèrent un moment sur les aléas de l’existence, Jean pensant qu’il aurait quand même mieux fait de jeter la bouteille à la poubelle et Momo se demandant s’il pourrait s’en tirer en travaillant dans les cuisines du palais. Comme l’issue d’un aller simple à la capitale serait néfaste pour nos deux zéros, un évènement commode eut lieu pendant le trajet. Le lieutenant sonna à nouveau la trompette, les planches à voile stoppèrent net quelques mètres avant un groupe de prêtres du Brocolis Sacré, qu’on reconnaissait facilement avec leurs froques brunes en toile de jute recyclable et biodégradable, et l’image de coccinelle sur le dos. - Holà, braves bras armés de l’empereur ! les héla l’un d’eux en relevant un peu son capuchon, dévoilant un visage tout chenu. Quelle raison impérieuse commande-t-elle donc tant de hâte à vos véloces planches ? Le gradé hésita un moment avant de répondre, et se rappela qu’il n’étais pas encore TEMPS de se mettre mal avec le clergé. Il ne serait TEMPS qu’à la date marquée d’une croix rouge par Dekon sur son calendrier personnel, et alors le TEMPS viendrait pour le Plan de Complémentarité Vespaïque. - Nous escortons deux vils frélons jusqu’au palais de notre bien-aimé empereur. Jean Aymar est un tourne-dard qui a sûrement volé une partie de la relique sacrée. - Laquelle ? fit l’ecclésiastique en se grattant la tête. Bob, aurions-nous perdu la Coupe Infinie de Minestrone ? - Mais non, vous savez bien, la relique sacrée gardée par l’Empereur Dekon, coupa le militaire. - Sa femme ? s’étrangla le brocoliateur. Je vous ai déjà dit septante fois qu’elle ne serait pas sanctifiée. - L’huile de foie congelée d’Abécédé ! s’emporta le lieutenant. Un grand « ooooh » monta depuis le groupe de fervents, qui proposa alors d’effectuer leur chorégraphie rituelle pour leur apporter la bénédiction du Brocolis Sacré sur leur mission. 83