Le monde fut créé par le grand Brocolis Sacré il y a de cela deux heures, trente minutes et une
seconde. En très peu de temps la planète fut peuplée par d’innombrables races : les nains, les elfes,
les canards boiteux, les dragons, les kleptomanes, les véliplanchistes et bien d’autres encore.
Parmi eux un seul osa tous les défier, un seul possédait de grands pouvoirs (et donc de grandes
responsabilités) : Abécédé, seigneur dragon des hautes terre de la basse-cour.
Il imposa sa domination sur tous les royaumes et il suffisait d’un seul contestataire pour que tout
brûle !
Le temps passa lentement et c’est après cinq ans de règne qu’Abécédé lâcha son dernier souffle,
et d’après les témoins l’odeur était nauséabonde. Tout ce qui resta de lui était une relique sacrée
qui n’était autre que son huile de foie, devenu glacée après une chaude nuit d’hiver. Quiconque
la lèche se retrouve doté de pouvoirs surdimensionnés… accompagnés d’une p’tite gastro’.
Afin d’éviter de retomber dans une société de terreur, la relique fut enfermée dans un coffre fort
blinder en acier trempé de bicarbonate de sodium dans la grande ville de Gigondas, sur la terre
des hommes. Depuis des générations, la relique resta en lieu sûr jusqu’à ce qu’un chef politique
malintentionné du nom de Ted Dekon s’en empare en secret (enfin pas trop, parce que si je le
sais, c’est plus vraiment un secret...).
Il lécha longuement l’huile congelée et acquit un pouvoir que personne ne pensait pouvoir voir le
jour : contrôler les guêpes par la pensée ! En effet, nul n’aurait songé à une capacité aussi
fantaisiste, mais ses conséquences furent des plus lugubres.
La terre des hommes sombra en effet. D’abord il y eut de la censure dans les journaux, puis une
police politique se mit en place : le SS (Saucisson Salé) et la SA (Saveur Aromatique), deux
organisations comportant des hommes fort méchants, en plus, affront suprême, d’aimer les
quenelles ! Heureusement, Jean Aimar, un général de l’ancienne république banano-capitaliste
(renversée par les Moustachus de Dekon), récupéra un morceau de la relique sacrée et quitta la
ville au plus vite.
Il avait la ferme intention de prendre un bon bain bien chaud pour le déjeuner, mais ce qu’il
désirait le plus, ce qui l’animait jour après jour, était de renverser l’empire de Ted.
Avec ce morceau de relique il aurait la possibilité, avec l’aide de quelques compagnons de route,
de tenir tête à l’ennemi.
Ainsi Jean partit en direction de Kalamar, la ville portuaire à la lisière du royaume des elfes. Làbas il savait qu’il pouvait compter sur l’aide de son vieil ami Momo Lafrite, un elfe qui jadis
l’avait aidé à faire la vaisselle. En ce monde, partager une activité aussi honorifique tissait les plus
solides des liens.
Grâce à son fidèle destrier ne consommant que du fourrage bio, Jean arriva en moins de deux
devant la maison où vivait son compagnon. La relique dans un sac, il se précipita et toqua alors à
la porte…
Momo Lafrite lui ouvrit la porte :
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