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en va de la compétitivité du Canada , dans un monde qui s ’ éloigne du principe de la libéralisation des échanges commerciaux . Selon 84 % des répondants au récent sondage Tendances conjoncturelles , mené auprès de CPA à la haute direction , un examen de la réforme fiscale américaine s ’ impose ; 93 % estiment qu ’ il faudra en publier sans retard les conclusions .
Comme des élections fédérales seront déclenchées en 2019 , le gouvernement prévoit sûrement d ’ expliquer aux citoyens comment il compte composer avec la nouvelle donne . Il est donc rassurant de savoir que M . Morneau s ’ apprête à évaluer attentivement les retombées de la réforme américaine . À lui de réagir sans tarder pour donner l ’ heure juste aux entreprises d ’ ici , aux aguets , plongées dans l ’ incertitude . ◆
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éCONOMi E
Surendettement : paS de panique
Notre économie ne risque pas de subir une crise hypothécaire à l ’ américaine .
FrANCis FONG
Depuis une dizaine d ’ années , on parle beaucoup – avec incrédulité , voire inquiétude – de la flambée du prix du logement et de l ’ endettement record des ménages . Certaines statistiques font craindre le pire : à Vancouver , le prix du logement a doublé en neuf ans ; à Toronto , avant
le recul observé dernièrement , il avait doublé en six ans . Et depuis 2006 , la dette des ménages n ’ a pas simplement doublé : en proportion du revenu , elle bat des records pratiquement chaque trimestre . Cette situation rappelle étrangement celle des États-Unis avant 2008-2009 . Doit-on craindre une crise économique au Canada ?
Tout d ’ abord , gare aux comparaisons simplistes ! À part l ’ augmentation du prix du logement et du niveau d ’ endettement , les similitudes avec les États- Unis sont bien moins grandes qu ’ elles ne le paraissent . On le constate en examinant la qualité du crédit .
Rappelons que la crise financière américaine était attribuable à la prolifération des prêts hypothécaires à risque : les acheteurs qui empruntaient au-delà de leurs moyens ont fait grimper le prix du logement . Lorsque , inévitablement , ils ont manqué à leurs engagements , la vague de pertes subies par les banques
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3 % Pourcentage d ’ emprunteurs dont la cote de crédit est jugée faible par la SCHL . |
a déclenché une crise . La gravité de cette crise était due à divers facteurs , dont l ’ utilisation répandue de produits dérivés et le laxisme de la réglementation , mais les prêts hypothécaires à risque en constituaient la cause principale . Avons-nous le même problème au Canada à l ’ heure actuelle ?
Heureusement , il semble que non . Les données de la Société canadienne d ’ hypothèques et de logement ( SCHL ) montrent , au contraire , que la qualité du crédit des emprunteurs s ’ améliore graduellement . Parmi les prêts hypothécaires assurés par la SCHL , la proportion des emprunteurs dont la cote de crédit est élevée est passée de 66 % en 2002 à 88 % en 2017 . Inversement , celle des emprunteurs à risque , dont la cote de crédit est faible , est passée de 17 % à seulement 3 % pendant la même période .
Ce changement découle en partie des nombreuses modifications que la SCHL et le ministère des Finances du Canada ont apportées aux règles régissant l ’ emprunt hypothécaire au cours de la dernière décennie . Ainsi , on a resserré la vérification du revenu et limité l ’ assurance hypothécaire aux logements de moins de 1 M $. Ces changements ont rendu le crédit hypothécaire plus sûr , mais ils limitent la capacité d ’ emprunt . Les logements à prix élevé sont devenus l ’ apanage des acheteurs qui n ’ ont pas besoin d ’ assurance hypothécaire ( et sont en mesure de verser un acompte de 20 %), alors que les autres acheteurs doivent se contenter de logements à moindre prix , quand ils ne sont pas exclus du marché .
Aussi , le prix des habitations ayant continué de monter , la plupart des nouveaux prêts hypothécaires consentis au cours des dernières années ne sont pas assurés . Or , même sous cet angle , les données sur les prêts hypothécaires recensés par Equifax ( soit la vaste majorité , selon l ’ organisme ) confirment que la qualité du crédit s ’ améliore au pays . De la fin de 2012 au début de 2017 , la proportion des emprunteurs ayant une cote de crédit très bonne ou excellente est passée de 81,4 % à 84 %. L ’ augmentation est encore plus prononcée chez les nouveaux emprunteurs : elle est passée de 77,5 % à 82,4 %. Encore une fois , ces hausses s ’ exercent aux dépens des emprunteurs à la cote de crédit faible ou médiocre .
Comment expliquer , alors , que le prix du logement ait augmenté au-delà des moyens de la plupart des Canadiens , mais que la situation financière des acheteurs potentiels semble pourtant s ’ améliorer ?
Il manque peut-être des pièces au casse-tête . Bon nombre d ’ autres facteurs peuvent influer sur le risque de crédit . Par exemple , des emprunteurs dont la cote de crédit est faible peuvent gonfler leurs revenus ou leurs actifs et devenir ainsi , en apparence , des emprunteurs sûrs . En outre , les
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ILLUSTRATION KAGAN MCLEOD |
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18 PIVOT MAI / JuIn 2018 |