ENTRETIENS quantiques spécifiques à nos machines . Cela nous permet de mieux comprendre leurs besoins et d ’ accélérer notre développement . C ’ est pourquoi nous avons l ’ impératif de couvrir l ’ intégralité de la pile logicielle , du qubit à l ’ applicatif .
AVEZ-VOUS DES COLLABORATIONS AVEC LE MONDE ACADÉMIQUE ? Oui , tout à fait . Avec le monde académique , nous avons des liens très forts , car c ' est vraiment une approche complémentaire au développement de technologies dans l ' informatique quantique . Nous avons vocation à construire et industrialiser des produits , tandis que le monde académique explore des pistes plus risquées , mais qui peuvent potentiellement aboutir à des ruptures technologiques plus fortes . Nous avons donc de nombreuses collaborations académiques , et les plus fortes sont en France , notamment avec l ' Institut d ' Optique . Nous sommes en phase de création d ' un laboratoire commun entre l ' Institut d ' Optique , le CNRS , l ' Université Paris-Saclay et Pasqal . Ce laboratoire est une entité qui rassemble des moyens et des personnes provenant de chaque côté : des personnes de chez Pasqal , du matériel provenant de chez Pasqal , et de l ' autre côté des thésards , des post-docs et des chercheurs , tous travaillant dans une structure commune sur des projets qui sont à la convergence de nos intérêts et de ceux de l ' Institut d ' Optique et des groupes de recherche . Nous bénéficions évidemment du travail fait dans ce laboratoire de recherche , mais dans l ' autre sens , cela fonctionne aussi . Quand nous fiabilisons ou développons une nouvelle brique technologique et que celle-ci retourne dans le laboratoire , cela permet de bénéficier d ' une plus grande puissance d ' ingénierie pour explorer de nouveaux phénomènes . Nous constatons également un retour en termes de performance du côté du laboratoire académique . C ' est donc une relation très fructueuse . Nous avons d ' autres collaborations académiques , notamment avec le LKB à Paris , ainsi que d ' autres relations en France et en Europe avec des acteurs universitaires comme l ' INRIA , le CEA , et des laboratoires CNRS .
COLLABOREZ-VOUS AVEC LES AUTRES ACTEURS INDUSTRIELS DE CETTE AVENTURE INDUSTRIELLE LIÉE AU QUANTIQUE ? Oui , nous collaborons avec plusieurs entreprises , par exemple Qubit Pharmaceuticals , qui travaille sur la découverte de nouveaux médicaments à l ' aide de l ' informatique quantique , ainsi qu ' avec WeLinq , qui développe une mémoire quantique à base de rubidium , pour voir comment nous pourrions interconnecter des processeurs quantiques sur le long terme . À l ' international , nous collaborons avec d ' autres start-ups et grands groupes , comme IBM . Ce dernier est une figure historique de l ' informatique quantique , ayant été l ' un des premiers à mettre un ordinateur quantique sur le cloud , avec une technologie de qubits supraconducteurs . Nous travaillons avec eux sur l ' élaboration d ' interfaces communes entre nos processeurs et leurs processeurs . De nombreux fournisseurs de matériel quantique développent leur propre méthode de programmation pour un processeur quantique . Nous pensons qu ' il est contre-productif de multiplier ces différentes approches et qu ’ il serait plus efficace de simplifier l ' accès pour les utilisateurs , afin que , lorsqu ' un utilisateur utilise un processeur quantique IBM , il puisse choisir plus tard d ' utiliser un processeur Pasqal sans que cela soit trop contraignant . Nous avons donc tout intérêt à fédérer l ' écosystème en simplifiant les interfaces , et nous travaillons avec IBM pour élaborer un ensemble d ' interfaces communes entre nos technologies et les leurs .
QUELLES SONT LES PERSPECTIVES EN TERMES DE PERFORMANCES DES CALCULATEURS ?
AVEZ-VOUS UN CALENDRIER DE DÉVELOPPEMENT À L ' HORIZON DE 3 OU 10 ANS ? Oui . En termes de performance , nos machines sont encore imparfaites , elles comportent des erreurs , mais nous pouvons travailler sur les métriques : le nombre de qubits , la qualité des opérations et le taux de répétition , afin d ' améliorer ces machines pour les rendre plus performantes . Nous avons une roadmap assez agressive en termes de développement technologique , car il y a encore beaucoup de gains à engendrer . Par exemple , notre taux de répétition actuel est de l ' ordre de 5 Hz , c ' est-à-dire 5 opérations par seconde , mais avec quelques optimisations , nous pouvons atteindre le kHz . Il n ' y a pas de barrière physique pour y parvenir . Nous avons des objectifs assez ambitieux en termes de performance , et nous travaillons pour les atteindre dans les 3 à 5 prochaines années . À terme , nous pourrions avoir des machines capables de réaliser des centaines de Hz avec une fidélité des opérations à 99,9 %. Ce seraient des machines très performantes , mais elles ne seraient toujours pas capables d ' implémenter les algorithmes de Shor ou de Grover , qui ont été développés dans les années 1990 et qui auront un impact économique majeur . Pour implémenter ces algorithmes , nous avons besoin de mettre en place des codes de correction d ' erreurs . La correction d ' erreurs quantiques est un défi majeur , car mesurer un système quantique le détruit et il est impossible de copier un système quantique ( selon le théorème de No-Cloning ). Cela rend la correction d ' erreurs très difficile . Des solutions existent , mais elles nécessitent beaucoup de ressources , en termes de nombre de qubits et d ' opérations . Nous avons donc une roadmap à plus long terme pour développer des ordinateurs quantiques tolérants aux fautes , capables de corriger activement les erreurs . Notre objectif à l ' horizon 2031-2033 est d ' avoir un ordinateur quantique tolérant aux fautes , capable d ' implémenter ces algorithmes très impactants .
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