ENTRETIENS phénomène fondamental . L ’ émission thermique cohérente est devenue depuis un sujet impliquant de nombreux groupes dans le monde .
QUELS ONT ÉTÉ VOS PREMIERS PROJETS DE RECHERCHE ? Durant ces années à Centrale Paris , j ’ ai partagé mes activités entre la nanophotonique et l ’ optique des milieux diffusants . Mes travaux en nanophotonique portaient sur l ’ émission thermique cohérente , la plasmonique , et le contrôle de l ’ émission de fluorescence de molécules uniques par des antennes optiques . En optique des milieux diffusants , nous avons développé des outils théoriques et numériques pour traiter des sujets fondamentaux ou des applications en imagerie de fluorescence . J ’ ai eu la chance d ’ avoir d ’ excellentes doctorantes et doctorants , dont Romain Pierrat qui a rejoint plus tard l ’ équipe montée à l ’ ESPCI et qui est aujourd ’ hui toujours un collègue très proche .
QUELLES SONT LES RAISONS QUI VOUS ONT CONDUIT À REJOINDRE L ’ ESPCI ? Au fil des années , en m ’ investissant progressivement dans l ’ optique des milieux complexes , je me suis retrouvé en connexion de plus en plus forte avec les collègues de l ’ ESPCI spécialistes de ces domaines , en particulier Mathias Fink et Claude Boccara . Ils m ’ ont parlé d ’ un projet de création d ’ un institut de recherche dédié à la physique des ondes , allant de l ’ acoustique à l ’ optique en passant par les micro-ondes . Ils cherchaient à renforcer l ’ aspect théorique et mon profil les intéressait . Je franchis le pas en 2007 en devenant professeur à l ’ ESPCI . Nous travaillons sur ce projet de création d ’ un nouveau laboratoire en 2008 et l ’ Institut Langevin est créé en 2009 . Mathias Fink en est le directeur , Arnaud Tourin et moi en devenons les directeurs adjoints . C ’ était très intéressant car il s ’ agissait d ’ une aventure nouvelle en démarrant une équipe de recherche de zéro . Ce nouveau challenge a été très stimulant et m ’ a permis de construire quelque chose d ’ original avec une équipe de théoriciens au milieu d ’ un institut rempli des meilleurs expérimentateurs . J ’ ai continué à mener en parallèle des recherches sur mes deux thématiques « historiques », mais au fil des années , l ’ optique des milieux complexes a pris le pas sur la nanophotonique . J ’ ai participé aux premières discussions sur l ’ aventure du contrôle du front d ’ onde en milieux complexes . Dès 2008 nous avons travaillé avec Sylvain Gigan , Claude Boccara , Geoffroy Lerosey et Mathias Fink sur ce projet de mesure de la matrice de transmission qui a été porté par Sylvain Gigan . Ce sujet a d ’ ailleurs pris beaucoup d ’ ampleur depuis . La communauté scientifique regardait ces résultats avec grand intérêt , car il était évident qu ’ il y avait un changement de paradigme .
COMMENT IDENTIFIEZ-VOUS VOS SUJETS DE RECHERCHE ? En tant que théoricien , j ’ aime beaucoup travailler avec des expérimentateurs qui osent se lancer dans des projets risqués et qui croient en des idées nouvelles apportées par des théoriciens . J ’ aime également beaucoup aller découvrir des choses nouvelles dans des vieux sujets . L ’ émission thermique cohérente en est un exemple . Un autre exemple concerne nos travaux plus récents sur les corrélations d ’ intensité entre les speckles réfléchis et transmis , menés avec Arthur Goetschy et Romain Pierrat dans le cadre de la thèse de Nikos Fayard . Je me pose encore la question de savoir pourquoi ces corrélations restaient inconnues , alors que les propriétés statistiques des figures de speckle ont été très étudiées depuis les années 80 .
VOUS VOUS ÊTES ÉGALEMENT BEAUCOUP IMPLIQUÉ DANS LA DIRECTION DE STRUCTURES DE RECHERCHE Ma première véritable implication a été liée à l ’ aventure de l ’ Institut Langevin démarrée en 2008 . Regrouper dans un même laboratoire des spécialistes de l ’ acoustique , de l ’ optique et des micro-ondes , et y associer des théoriciens représentait un projet très intéressant pour moi . Mais il fallait construire un nouveau laboratoire et surmonter de nombreuses difficultés . Il était évident qu ’ autour de Mathias Fink et Claude Boccara il fallait une équipe resserrée , et Mickael Tanter , Arnaud Tourin et moi avons porté le projet avec eux . Plus tard , en 2014 , lorsque Jean-François Joanny prit la direction de l ' ESPCI , il m ’ a contacté afin que je prenne la direction de la recherche . Après avoir hésité ( c ’ était un engagement fort ), j ’ ai commencé comme conseiller dans son comité de direction , puis accepté la fonction de directeur de la recherche en 2015 . J ’ ai toujours continué à mener , en parallèle des fonctions de direction , des activités de recherche et d ’ enseignement . Lorsqu ’ en 2019 le mandat de Jean-François Joanny s ’ achève , je décide d ’ arrêter la direction de la recherche , souhaitant souffler un peu et me concentrer sur mon travail d ’ enseignant-chercheur . A l ’ automne 2020 , Alain Fuchs me demande de rejoindre l ’ équipe de l ’ Université Paris Sciences et Lettres ( PSL ) comme vice-président recherche . Tenté par ce nouveau défi je débute comme VP Recherche à PSL en janvier 2021 . Ce fût une très belle expérience , et tout se passait très bien lorsque , sans que je m ’ y attende , le « search committee » de l ’ Institut d ’ Optique Graduate School ( IOGS ) me contacte fin 2021 et me convainc de me porter candidat au poste de directeur général . Il m ’ a semblé que cette fonction pouvait avoir beaucoup de sens pour moi , peut-être encore plus que le poste un peu « hors sol » de VP que j ’ occupais . J ’ ai donc postulé et j ’ ai été sélectionné par le conseil d ' administration , pour prendre mes fonctions de directeur général de l ’ IOGS en juin 2022 . Je mène depuis mes activités de professeur à l ’ ESPCI et de direction à l ’ Institut d ’ Optique avec beaucoup de plaisir et d ’ enthousiasme .
QUE RETENEZ-VOUS DES LIEUX OÙ VOUS ÊTES PASSÉ ? J ’ ai toujours évolué dans des lieux ( Centrale , ESPCI , Institut d ’ Optique ) où la connexion entre la recherche et les applications est forte , où la connexion entre le monde académique et
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