ENTRETIENS
dédiée au pétrole mais aujourd ’ hui , le nucléaire prend une part de plus en plus importante . Nous travaillons aussi dans le médical et les datacoms . Nos produits sont également intéressants pour les technologies quantiques puisqu ’ on sait mettre de la fibre optique en conditions cryogéniques .
COMMENT DÉVELOPPEZ- VOUS DES FIBRES OPTIQUES ADAPTÉES AUX CONDITIONS EXTRÊMES ? Le premier élément consiste à savoir packager cette fibre dans de la gaine ou dans un revêtement qui va résister à cet environnement . Nous disposons de toutes les technologies : le collage , la brasure et l ' enverrage , et parfois ce sont des combinaisons de ces 3 qui sont nécessaires pour tenir des environnements très sévères . Le deuxième élément est de pouvoir amener cette fibre optique dans cet environnement extrême en garantissant une herméticité avec cet environnement . C ’ est pourquoi nous sommes spécialisés aussi dans ce qui s ' appelle les traversées étanches qui sont des mécaniques permettant d ' amener la fibre du milieu normal au milieu extrême avec une herméticité parfaite . C ' est notre spécialité de savoir mettre en œuvre les bonnes technologies pour répondre à ces 2 éléments en fonction de l ' environnement qui nous est demandé .
OÙ EST SITUÉ VOTRE CENTRE DE DÉVELOPPEMENT ET DE PRODUCTION ? La conception et la production sont réalisées dans nos locaux d ’ Evry , dans le sud de Paris . Nous disposons d ’ environ 2200 m ² de surface avec quelques salles blanches et quelques bâtiments de production . Tout ce qui est assemblage est fait chez nous . Au niveau mécanique , si nous faisons la conception avec des petites pièces , la production en série est sous-traitée . Les fibres optiques sont achetées à des fournisseurs et nous assemblons dans nos locaux .
EST-CE QUE VOUS AVEZ UN CATALOGUE PRODUIT OU EST-CE DE LA CONCEPTION SUR MESURE POUR DES PROJETS SPÉCIFIQUES ? Nous avons quelques éléments sur catalogue mais 80 % de nos activités consistent à répondre aux cahiers des charges de nos clients . Cela ne signifie pas que l ’ on ne fait que de la recherche , car nous pouvons également produire du volume avec entre 5 000 à 10 000 pièces par an . Nous sommes aussi capables de produire de petites séries lorsque nous travaillons par exemple pour des équipes du CNRS ou du CEA .
QUELLE A ÉTÉ L ’ ÉVOLUTION DE VOTRE CHIFFRE D ’ AFFAIRE DEPUIS 2016 ? En 2016 , le CA se situait aux environs de 4M € alors qu ’ en 2024 le CA atteint 8M €, ce qui montre la bonne dynamique de nos activités . J ’ ai déposé un business plan pour atteindre les 10M € en 2026 .
QUELS SONT LES LEVIERS IDENTIFIÉS POUR Y PARVENIR ? Nous devrons nous positionner sur des marchés porteurs , et pour nous , Ariane 6 est clairement l ’ un de ces marchés car nous allons vers une évolution de 9 tirs par an . Il faudra faire tous les composants qui iront sur chaque vol . La seconde croissance que l ’ on vise est la croissance externe . Nous avons des projets en cours . J ’ espère que dans les mois à venir , nous pourrons faire des annonces sur des sociétés avec lesquelles nous serions alliés pour gagner en synergie .
EST-CE QUE VOUS CONSACREZ BEAUCOUP D ' EFFORTS EN TERMES DE R & D AU SEIN DE SEDI-ATI ? Oui , nous consacrons au moins 15 % de notre chiffre d ' affaires en R & D . C ’ est important car le niveau technologique constitue le nerf de la guerre . On essaye à la fois de saisir les opportunités de nos clients qui veulent évoluer pour progresser avec eux , mais aussi de conduire des études en interne pour identifier les technologies à maitriser pour ne pas nous retrouver bloqués dans certains projets .
VOUS ÊTES TRÈS IMPLIQUÉ DANS LES STRUCTURES SOUTENANT LE SECTEUR DE LA PHOTONIQUE . Oui , je suis le président du Hub Optique et Photonique de Systematic , vice-président PME de Systematic , et je siège également au conseil d ’ administration de Photonics France . Je suis un fervent défenseur de la photonique et mon souhait est que la photonique ne prenne pas le même chemin que l ' électronique car aujourd ’ hui , plus de 95 % de l ' électronique est fabriquée en Asie . Nous devons agir pour que la fabrication de composants photoniques reste en France ou en tout cas en Europe . Il ne doit y avoir que 5 ETI - entreprises de taille intermédiaire - en France et cela n ’ est clairement pas assez . Cela montre combien la photonique doit se structurer pour peser . Et c ’ est un sujet sur lequel nous allons travailler pour que la photonique ait vraiment du poids dans le paysage industriel français et européen . Outre les restructurations , il faut qu ' il y ait aussi une vraie stratégie industrielle , et veiller à ce que notre savoir-faire reste bien entre nos mains . Je suis un grand acteur de l ' indépendance française et souhaite que le gouvernement évalue de près tout rachat d ’ une société française par un groupe étranger . Et je pense que c ' est en ayant des structures plus grosses que la direction générale des entreprises regardera avec un œil différent la filière photonique .
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