PALESTINE Mémoires de 1948 - Jérusalem 2018 | Page 80
1. Selon les sources, voir Ilan Pappé, Le Net-
toyage ethnique de la Palestine.
2. En octobre 1948, l’opération Yo’av de l’ar-
mée israélienne, eut comme répercussion la fuite
massive des habitants de toute la région à l’ouest
de Hébron. À Dawaimeh, les chars entrèrent
dans la ville un vendredi, le 29 octobre 1948. Les
soldats abattirent les habitants dans leurs mai-
sons, les rues et jusque dans la mosquée, puis ils
décimèrent 35 familles cachées dans les grottes à
proximité du village.
3. Le mokhtar est nommé par les autorités ad-
ministratives pour représenter son village ou son
quartier auprès de ces autorités et pour jouer le
rôle d’officier d’État civil (il enregistre les nais-
sances, décès, etc.).
4. L’oncle de Rushdieh les voit sur les trois
routes qui relient Dawaimeh aux villages voi-
sins, à savoir Qubayba, Beit Jibrin et Mafkhar,
comme il le signalera plus tard aux Nations
unies.
5. Ilan Pappé, Le Nettoyage ethnique de la Pa-
lestine, mentionne les termes de l’application du
plan Daleth, le 10 mars 1948.
6. C’est un témoin oculaire qui a survécu au
massacre, qui le racontera au mokhtar plus tard.
7. Voir Yoella Har-Shefi, « Another Deir Yas-
sin ? », Journal of Palestine Studies, University of
California Press & Institute for Palestine Stu-
dies, vol. 14, n° 2, janvier 1985, p. 207-212. Le
mokhtar, Hassan Mahmoud Hudeib, accorde
une interview en 1984 à Yoella Har-Shefi, jour-
naliste du quotidien israélien Hadashot, et ils se
rendent ensemble sur les lieux du massacre. Pour
vérifier les dires du vieux Palestinien, elle revien-
dra sur les lieux pour les fouiller, et finira par
découvrir des ossements. Elle cessera de creuser,
par respect : le mokhtar avait dit vrai.
8. Voir Walid Khalidi, All that Remains : The
Palestinian villages occupied and depopulated by
Israël in 1948, Washington DC, 1992. S’ap-
puyant sur ce livre, l’association israélienne Zo-
chrot a répertorié les villages qui ont été vidés
en 1948 après avoir été attaqués par des forces
israéliennes. Qubayba comptait 1 230 habitants
et fut probablement attaqué par l’unité Giva’ati
ou Har’el (Palmach). L’assaut a poussé les habi-
tants à fuir.
9. Beit Jibrin tient une place spéciale, due à sa
situation stratégique sur la ligne de front entre
forces égyptiennes et israéliennes en 1948. Le
premier bataillon de l’armée égyptienne avait
pris position dans ce village. D’après le corres-
pondant du New York Times, en mai 1948, des
milliers d’habitants de Jaffa avaient fui en direc-
tion de Hébron et nombreux s’étaient installés
dans ce village. Comme Qubayba, Beit Jibrin
sera occupé au cours de l’opération Yo’av dont
l’objectif, en coordination avec l’opération ha-
Har, était d’occuper tout le sud du corridor de
Jérusalem, après le 18 octobre 1948, d’après les
archives israéliennes citées par l’association Zo-
chrot.
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10. Jusqu’au début du xx e siècle, le keffieh est la
coiffe traditionnelle des Bédouins, alors que les
paysans portent un foulard noué en turban sur
la tête (ce qu’ils ont d’ailleurs continué à faire
en Égypte jusqu’à aujourd’hui). Mais dans les
années 1930, les paysans commencent à l’utili-
ser dans le cadre d’actions de guérilla contre les
groupes sionistes et contre les Français en Syrie.
Le keffieh remplacera totalement le turban par
la suite.
11. Le responsable du massacre de Dawaimeh
était le 89e bataillon, commandé par le fon-
dateur du Palmach, le général Yitzhaq Sadeh.
Voir dans Yair Auron, « Breaking the Silence :
The Poem That Exposed Israeli War Crimes in
1948 », Haaretz, 18 mars 2016, la condamna-
tion des massacres par le ministre de l’agricultu-
re Aharon Zisling et l’expression des remords de
quelques soldats.
12. D’après le plan de partage des Nations unies
de novembre 1947, Hébron faisait partie des ter-
ritoires palestiniens.
13. Plus tard le mokhtar remit la liste au gou-
verneur militaire jordanien de Hébron, Ibrahim
Qarishan.
14. Ilan Pappé (Le Nettoyage ethnique de la
Palestine), après avoir croisé plusieurs sources,
conclut à 176 morts dans la mosquée, et 426
hommes, femmes et enfants abattus. Dans la
déposition sous serment du mokhtar devant
la Commission de conciliation des Nations
unies pour la Palestine, il est question de 455
personnes, dont 280 hommes. Il faut y ajouter
les personnes originaires de villages voisins qui
étaient venues se réfugier à Dawaimeh : on arriva
à 560 morts.
15. Ariha est le nom arabe de Jéricho.
16. Le représentant du CCNUP présenta son
rapport au Congrès des réfugiés arabes à Ramal-
lah. L’idée de créer une Commission de conci-
liation des Nations unies pour la Palestine fut
avancée par le comte Folke Bernadotte, un di-
plomate suédois que le Conseil de Sécurité des
Nations unies avait nommé Médiateur pour le
conflit israélo-arabe. Après son assassinat en sep-
tembre 1948, l’Assemblée générale, se fondant
sur la résolution 194 du 11 décembre 1948, vota
pour la création de cet organisme, et dont l’ob-
jectif était d’assumer la mission conciliatrice du
médiateur de l’ONU. La CCNUP est composée
de trois membres de l’Assemblée Générale des
Nations unies, les États-Unis, la France et la Tur-
quie. Le rapport de l’entretien avec le mokhtar
Hudeib peut être consulté sur le site Mondoweiss
http://mondoweiss.net/2016/02/the-mukhtars-
sworn-testimony-more-on-the-dawaymeh-mas-
sacre/
17. Le 9 avril 1948, 254 enfants, femmes et
personnes âgées sont massacrées par des groupes
sionistes à Deir Yassin, village palestinien situé
près de Jérusalem (chiffre donné par la Croix-
Rouge). Ce massacre, qui eut lieu alors que la
Palestine était encore sous administration bri-
tannique, a joué un rôle psychologique extrême-
ment important dans l’exode des Palestiniens.
Les autorités sionistes officielles ont rejeté toute
responsabilité.
18. En 1955, un moshav (communauté agri-
cole coopérative israélienne, composée d’une
association de plusieurs fermes individuelles),
Amatzya est établi sur les ruines de Dawaimeh.
Aujourd’hui, une communauté israélienne s’est
installée sur la partie est des ruines de Dawai-
meh. Dès 2010, des bulldozers ont préparé la
construction d’habitations pour des familles
juives orthodoxes de Gush Katif, évacuées en
2005 de la bande de Gaza.
19. Le rapport du mokhtar Hudeib a été entéri-
né par le témoignage d’un soldat israélien ayant
assisté au massacre. Celui-ci écrivit une lettre
détaillée au directeur du journal israélien Al-Ha-
mishmar, Eliezer Peri, le 8 novembre 1948,
c’est-à-dire dix jours après les événements, mais
sa lettre ne fut pas publiée. Le soldat explique
comment, à Dawaimeh, des hommes éduqués
et cultivés sont devenus des assassins, il accuse
la logique de destruction et d’expulsion instillée
dans leur cerveau, justifiant la bestialité du mas-
sacre (crânes d’enfants fracassés, femmes violées
ou brûlées vives dans leurs maisons…), et bana-
lisant l’assassinat collectif des Palestiniens. Voir
http://mondoweiss.net/2016/02/barbarism-by-
an-educated-and-cultured-people-dawayima-
massacre-was-worse-than-deir-yassin/ La lettre
est reproduite par le quotidien israélien Haa-
retz dans l’article de l’historien Yair Auron, le
5 février 2016, soixante-huit années plus tard.
D’après ce dernier, les témoins oculaires ont
été nombreux, mais aucun des soldats israéliens
ayant participé au massacre de Dawaimeh n’a
été jugé en dépit des preuves accablantes. Ils ont
été massivement amnistiés en février 1949. Par
ailleurs, l’écrivain israélien Amos Keinan, qui a
participé au massacre, a confirmé les faits dans
une interview, à la fin des années 1990, à l’acteur
et cinéaste palestinien Muhammad Bakri dans le
cadre de son documentaire « 1948 ».
20. D’après Ilan Pappé, Le Nettoyage ethnique de
la Palestine, p. 255, le rapport des Nations unies
du 14 juin 1949, disait ceci : « Voici pourquoi
on en sait si peu sur ce massacre, qui, à bien des
égards a été encore plus brutal que celui de Deir
Yassin : la Légion arabe (l’armée qui contrôlait
cette région) a craint que, si on laissait la nou-
velle se répandre, elle n’ait sur le moral de la
paysannerie le même effet que Deir Yassin, c’est-
à-dire ne provoque un nouvel afflux de réfugiés
arabes. »
21. Après mai 1948, David Ben Gourion in-
tégra les milices sionistes au sein des forces de
défense israéliennes. Il en était donc désormais
directement responsable. Il ne pouvait plus dire
qu’il s’opposait à l’action d’un groupe qu’il ne
contrôlait pas, comme il l’avait fait lors du mas-
sacre de Deir Yassin.
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