PALESTINE Mémoires de 1948 - Jérusalem 2018 | Page 41
1. Avant mai 1948, les habitants de Palestine
sous mandat britannique étaient des « Pales-
tiniens », quelle que soit leur religion. Ce n’est
qu’après la création de l’État d’Israël que les
autorités israéliennes font la distinction entre
« Arabes » d’un côté (qu’ils soient chrétiens ou
musulmans) et « Juifs ».
2. Sreemati Mitter, chercheur de l’université
de Brown (Rhode Island, États-Unis), auteur de
A History of Money in Palestine : From the 1900s
to the Present. Doctoral dissertation, Harvard
University, 2014. Mitter présentait son travail
lors d’une conférence au Centre Palestine à
Washington DC, le 20 mai 2014 et soulignait
que 60 000 détenteurs de comptes dans ces deux
banques possédaient environ 6 millions de livres
palestiniennes. Ce montant représentait plus
de 43 % des exportations de l’économie pales-
tinienne en 1945, l’équivalent en valeur de près
de 800 millions de livres anglaises aujourd’hui,
une somme très importante qui appartenait à
des déposants « qui n’étaient ni des paysans, ni
l’élite financière ou politique (celle-ci n’aurait ja-
mais déposé son argent dans une banque étran-
gère), mais appartenaient à la classe moyenne ».
Son travail d’analyse se fonde sur les archives des
banques, ainsi que sur les archives nationales is-
raéliennes et britanniques.
3. La Custodian of Absentees’ Property s’est oc-
troyé le droit de s’approprier les biens meubles et
immeubles ainsi que les fonds de tous ceux que
l’on considérait comme « absents », pour avoir,
entre le 29 novembre 1947 et le 1 er septembre
1948 quitté leur résidence et propriété pour un
territoire situé hors de la Palestine ou occupé
par des forces militaires arabes. En 1950, Israël
vota une loi sur le patrimoine des absents qui
permit de récupérer les biens des Palestiniens et
éventuellement de les céder à des tiers. Pour San-
drine Mansour-Mérien, L’Histoire occultée des
Palestiniens, 1947-1953, Toulouse, Privat, 2013,
« la notion d’absent a permis la mainmise sur
la quasi-totalité des propriétés des Palestiniens
qu’ils soient déclarés réfugiés ou non ». C’est le
cas des terres agricoles palestiniennes, qui dès
lors qu’elles n’étaient plus cultivées devenaient
la propriété de l’État. Environ 93 % des terres
palestiniennes ont été confisquées. Cette loi créa
une nouvelle catégorie de citoyens, les « présents
absents » (en hébreu : nifkadim nohahim), per-
sonnes présentes mais considérées comme ab-
sentes par la loi. Ces Arabes israéliens pouvaient
jouir de tous les droits civiques y compris ceux
de voter à la Knesset, sauf un : celui d’utiliser
et de disposer de leur propriété. Entre 30 000
et 35 000 Palestiniens devinrent des « présents
absents ».
4. Nom arabisé d’Avicenne (980-1037), philo-
sophe et savant (médecin célèbre) persan.
5. Gish Amit, Ex-Libris : Chronicles of Theft,
Preservation, and Appropriating at the Jewish
National Library, Jérusalem, Institut Van Leer,
2014 (hébreu)/Ramallah, Madar The Palesti-
nian Forum for Israeli Studies, 2015 (arabe). Le
livre parle de 30 000 livres de la Jewish Natio-
nal Library, qui viennent des pillages de biblio-
thèques appartenant à des familles palestiniennes
qui ont dû fuir en 1948. Voir l’entretien de Gish
Amit sur le site http://allegralaboratory.net/we-
cannot-give-up-hope-a-conversation-with-gish-
amit-on-his-book-palestine/.net : « We cannot
give up hope », le 2 novembre 2015.
6. Fouad, habitant Jérusalem-Est, rattachée à
la Jordanie entre 1948 et 1967, pouvait circu-
ler des deux côtés du Jourdain, contrairement
aux Palestiniens qui jusqu’en 1948 vivaient sur
des terres où fut créé Israël, et qui durent fuir
laissant tout derrière eux. Le droit au retour
des Palestiniens qui ont ainsi fui la Palestine en
1948 a été confirmé par plusieurs résolutions de
l’Assemblée générale des Nations unies, dont la
résolution 194 (III) de 1948. Il s’inscrit dans les
conditions requises pour une paix avec Israël.
Mais Israël l’exclut absolument alléguant des
raisons démographiques. L’OLP exige le respect
du principe.
7. Aziz était connu pour avoir fondé un
« Congrès arabe pour les réfugiés palestiniens »
dans les années 1950. Il avait milité entre 1948
et 1967 pour la constitution de deux États, la
Palestine et Israël. Ce compromis était considé-
ré comme inadmissible à l’époque autant par la
Jordanie que par l’OLP (cependant l’OLP s’y
rallia plus tard). Aziz mourut le 1 er décembre
1985, poignardé devant sa maison de Ramallah.
8. Unification de la Transjordanie et de la
Cisjordanie sous l’égide de la couronne haché-
mite.
9. Voir Véronique Bontemps, « Entre Cisjorda-
nie et Jordanie, l’épreuve du passage frontalier au
pont Allenby », Revue européenne des migrations
internationales, vol. 30, n° 2, 2014, p. 69-90.
Aujourd’hui, le trajet demande jusqu’à six ou
sept heures, à cause des contrôles à la frontière
et les barrages sur la route. Pour les Palestiniens
qui peuvent aller de Jérusalem ou Ramallah à
Amman, parce qu’ils possèdent un passeport
étranger ou une carte d’identité verte (donnée
par l’Autorité palestinienne depuis 1994), le
trajet est généralement plus long que pour un
citoyen de tout autre État.
10. Du 15 mai au 11 juin 1948, les forces
arabes affrontent les forces israéliennes. Les deux
camps acceptent la trêve d’un mois demandée
par le médiateur de l’ONU et signée le 11 juin.
11. Les lettres sont conservées par les banques
dans leurs archives, que S. Mitter a étudiées de
près.
12. La Cisjordanie avait été rattachée à la Jorda-
nie à partir de 1950.
13. Al-Jihad devint l’un des journaux les plus
lus en Cisjordanie et à Gaza et plus générale-
ment en Jordanie jusqu’en 1967, avant de chan-
ger de nom et de devenir Al-Quds.
14. Les lois israéliennes, elles, étaient traduites
en arabe et en anglais.
15. En 1902, des membres du mouvement sio-
niste avaient fondé à Londres l’Anglo-Palestine
Company (ancêtre de la Leumi) pour offrir un
instrument financier aux immigrants juifs en Pa-
lestine, et y promouvoir l’industrie, la construc-
tion et l’agriculture, avec l’objectif de jeter les
bases du futur État hébreu. En 1971 la Leumi ac-
quit l’Arab Israel Bank (AI Bank), dont les clients
étaient principalement des Arabes israéliens du
nord du pays. En 1983 elle est nationalisée.
16. L’Israel Discount Bank, connue comme Eretz
Israel Discount Bank ou Palestine Discount Bank,
a été fondée en 1935 par un immigrant grec.
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