PALESTINE Mémoires de 1948 - Jérusalem 2018 | Page 37

Jérusalem, rue de Naplouse Pourtant ces hommes et ces femmes n’ont jamais baissé les bras et se sont battus pour leurs droits. D’abord en écrivant aux banques en tant que clients, en leur demandant d’honorer leurs contrats 11 . Puis, face aux réponses pour le moins laconiques des banques, ils se sont tournés vers les autorités britanniques. Sans aucun résultat. Je savais que ce n’était pas la peine d’intenter un procès dans un pays comme la Grande-Bretagne, qui avait reconnu la souveraineté d’Israël. Et de fait, lors- qu’il y en a eu, les tribunaux britanniques ont statué en faveur des banques anglaises en s’appuyant sur l’idée qu’elles devaient obéir aux ordres d’un État souverain, et Israël en était un à leurs yeux. Mon frère Aziz et moi suivions cette question de très près. Tout tournait autour de la question clé de la sou- veraineté d’Israël. Un jour, nous nous sommes dit que si nous pouvions déférer l’affaire devant un tribunal autre qu’anglais, siégeant dans un pays tel que la Jordanie, ne reconnaissant pas Israël et ayant les deux banques instal- lées sur son territoire, nous avions nos chances. La Barclays et l’Ottoman Bank avaient des succu- rsales dans toutes les villes de Jordanie, y compris à Jérusalem-Est 12 . Forts de cela, nous constituâmes un groupe de plaignants, qui ouvrit, le même jour, plu- sieurs poursuites contre les deux banques dans diffé- rentes villes de Jordanie ! Toutes se soldèrent en notre faveur, les tribunaux jordaniens arguant que les deux banques n’auraient pas dû se plier à un ordre qui n’émanait pas d’une entité souveraine, et les mettant en demeure de rembourser leurs clients. Pourtant la décision resta lettre morte, Israël continuant sur sa lancée à refuser le dégel des fonds palestiniens. Alors les deux banques condamnées constituèrent une délégation commune qui demanda audience au gouvernement israélien. Désireuses de ne Fouad MEMOIRE_PALESTINE_FR.indd 35 35 20/02/2019 13:37