PALESTINE Mémoires de 1948 - Jérusalem 2018 | Page 165

l’armée jordanienne se retira et que la ville passa sous contrôle de l’occupant israélien, le bureau de la mai- rie de la partie arabe de Jérusalem fut dissous, mais il conserva, de manière symbolique, le poste de maire de Jérusalem-Est 22 . Quant à moi, cette même année 1999, je faisais partie de la délégation de la Confé- rence des Nations unies sur le commerce et le déve- loppement (Cnuced) 23 et j’étais chargée de travailler sur les accords commerciaux et la coopération israé- lo-jordanienne 24 pour donner une suite aux accords de paix de Wadi Araba d’octobre 1994. Les membres de la mission devaient se réunir à Jérusalem. Or, en tant que Jordanienne, je n’avais pas le droit de m’y rendre sans une autorisation spéciale d’Israël, sans leur visa ! Y être obligée me faisait mal. Lorsque j’ai traversé le pont du Roi-Hussein, entre la Jordanie et la Palestine, contrôlé par les Israéliens, j‘ai dû remplir un document m’identifiant, et dans la case « lieu de naissance » j’ai écrit « Silwane, Palestine ». Israël n’existait pas quand je suis née, le pays s’appelait la Palestine. Ça a énervé la soldate israélienne de 18 ans qui l’a souligné trois fois avant que je passe par le troisième guichet de contrôle. Pour la plupart des membres de la mission, la question du droit d’entrée à Jérusalem ne se posait pas : ils avaient loué une voiture, ils s’y rendaient de la même façon que notre famille y allait avant 1967. Ils ne savaient pas que, pour moi, qui étais de Jérusalem, c’était beaucoup plus compliqué 25 . Dans l’équipe, un jeune homme était dans la même situation que moi, un membre de la famille al-Budeiri, très connue à Jérusalem pour la précieuse collection de manuscrits de leur bibliothèque 26 . Une fois l’autorisation obtenue, Pèlerinage de Nabi Musa, vers 1920 Tamam MEMOIRE_PALESTINE_FR.indd 163 163 20/02/2019 13:38