PALESTINE Mémoires de 1948 - Jérusalem 2018 | Page 147

Détente qui eut le malheur de s’écraser en arrivant à Doha. Il y eut 45 victimes, dont Youssef et toute la famille. J’ai cru que j’allais mourir ! Je me suis retrouvée seule, enceinte, avec trois tout petits enfants à élever 18 . À partir de cet instant, mon combat, c’étaient mes jeunes enfants. Être à la fois leur mère, leur père et leur amie, leur donner une éducation et leur apprendre l’amour de leur terre, c’était ma priorité, comme celle de milliers de femmes palestiniennes, veuves comme moi. J’étais encore jeune et belle, j’aurais pu me rema- rier, mais j’ai préféré me consacrer uniquement à eux et faire comme mon père, rejeter le tawtin, l’idée de m’installer durablement. J’ai toujours rejeté l’oubli et je leur ai appris d’où nous venons. Je leur ai raconté à quoi ressemblait la Palestine, le village dont j’ai toujours entendu parler comme d’une légende, je leur ai répété qu’ils avaient une maison à Fir’im, que leurs grands- pères avaient résisté aux colons anglais… Mon fils est né deux mois après la mort de Youssef, je lui ai donné le prénom de son père. Et, dans le camp de Baqa’a où il a vécu toute sa vie, tout le monde l’appelle al-‘awda, le retour. Halima MEMOIRE_PALESTINE_FR.indd 145 145 20/02/2019 13:38