Oil&Gas Buisiness Issue Volume 20 | Page 18

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Si la réunion d ’ Alger a débloqué la situation qui perdurait depuis l ’ échec de la réunion de Doha , des problèmes restaient en suspens .
l ’ oPPosition de l ’ irak
En fait , juste après la fin de la réunion , le ministre irakien provoqua une conférence de presse le soir même au Centre des Conférences pour remettre en cause les calculs du secrétariat de l ’ OPEP sur les niveaux de production , base sur laquelle doivent travailler les membres du Comité de haut niveau pour proposer les réductions pour chaque pays . Cette intervention , qui était en porteà-faux avec les traditions de la prise de décision par consensus au sein de l ’ OPEP , illustrait déjà les difficultés que l ’ Organisation allait rencontrer . La principale difficulté étant la guerre des parts de marchés que se livrent plusieurs pays producteurs au sein de l ’ OPEP et en dehors bien sur . La décision prise à Alger avait fait gagner aux prix du pétrole plus de 3 dollars par baril entre le mois de septembre et le mois d ’ octobre . Déjà , le baril avait pris en moyenne près de 2 dollars entre le mois d ’ aout ou il était à 45,85 dollars le baril et le mois de septembre conséquence des négociations qui avaient repris pour un gel de la production après l ’ échec du mois d ’ avril . Le Brent est passé en moyenne de 46,69 dollars le baril en septembre à 49,74 dollars selon les calculs de l ’ OPEP . Vers la fin du mois d ’ octobre et à mesure que les déclarations de certains pays membres de l ’ OPEP à l ’ image de l ’ Irak demandaient à être exemptés de l ’ effort de réduction , le marché a commencé à émettre des doutes sur l ’ application des décisions prises à Alger . Les décisions d ’ Alger exemptaient la Libye et le Nigeria qui avaient perdu leurs capacités de production avec la guerre et les sabotages des groupes armés et l ’ Iran qui avait aussi perdu ses capacités de production avec l ’ embargo occidental . L ’ Irak qui n ’ était pas concerné évoquait même la possibilité d ’ augmenter sa production .
la rivalité arabie �������������
Sur un autre plan les divergences entre l ’ Arabie Saoudite et l ’ Iran au cours des réunions des experts internes à l ’ OPEP ont fait encore monter la tension . L ’ Iran a toujours exigé des pays du Golfe et notamment de l ’ Arabie Saoudite de réduire sa production de près de 1 million de barils par jour en l ’ accusant d ’ avoir profité de la situation
passée et de lui avoir pris ses parts de marché . Entre le mois de novembre 2014 , période ou l ’ Arabie Saoudite s ’ était opposée à une réduction de la production après la chute des prix et le mois de septembre 2016 , ce pays avait augmenté sa production de un million de barils par jour . Depuis la fin du mois d ’ octobre , les prix sont repartis en dessous des 50 dollars le baril . L ’ OPEP s ’ est retrouvée entrain d ’ essayer de résoudre deux gros problèmes , effacer les divergences internes pour faire appliquer la décision de réduction d ’ une part , et obtenir des autres pays non membres de l ’ OPEP une participation à la réduction de la production d ’ autre part . C ’ est le contenu que l ’ Algérie a soumis à la Conférence avec une réduction de 1,1 million de barils pour les pays membres de l ’ OPEP et 600 000 barils pour les pays non membres de l ’ OPEP . Quelle que soit la décision qui émergera de la réunion du 30 novembre , la situation restera fragile dans le cas d ’ une mise en œuvre d ’ une décision de réduction ou d ’ un gel de la production . Les divergences apparues ces deux derniers mois et l ’ existence d ’ une guerre des parts de marché entre des pays membres de l ’ OPEP comme l ’ Arabie Saoudite , l ’ Iran et l ’ Irak notamment ne faciliteront pas l ’ application des décisions qui pourraient être prises .
Le fait que l ’ Arabie Saoudite et l ’ Iran soient impliqués directement dans les guerres en Syrie et au Yémen donne un caractère particulier à leurs divergences . Surtout que le financement de tout effort de guerre est tributaire des recettes que procure la vente du pétrole dans les deux cas . Dans le cas de l ’ absence d ’ un accord de réduction de la production ou d ’ une application partielle d ’ un gel de la production , les prix seraient soumis à une instabilité qui pourrait les situer autour des niveaux actuels jusqu ’ au rééquilibrage du marché attendu à la fin de l ’ année 2017 . �
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