EDITORIAL
Par Redouane Malek
Duel pour le Soleil
L ’ Agence internationale de l ’ Energie ( AIE ) dans ses prévisions futures relatives aux besoins de l ’ économie mondiale en énergie , projette de plus en plus , que la part du pétrole continuera de baisser , au profit du gaz et des renouvelables . Le XXIe siècle se veut plus propre et plus électrique . La tendance à la baisse durable des prix du marché du pétrole est en train de venir à bout de nos maigres économies , de nos possibilités de croissance , et cela même si l ’ OPEP prévoit un rééquilibrage des fondamentaux du marché , en raison du recul de la production Hors-Opep , mais aussi de la reprise à la hausse de la demande mondiale . Bonne nouvelle certes , mais pas de quoi pavoiser , et le défi est d ’ autant plus grand que le répit est aléatoire , et que le prix entre 50-60 dollars tant attendu pour le second semestre 2016 , ne servira qu ’ à combler un déficit déjà immense , et diminuera juste un peu de la fonte accélérée du FRR et de la déplétion aussi rapide des réserves de changes . Des prix de pétrole en baisse , des réserves de gisement en baisse , des découvertes en baisse , c ’ est comme un feu presque éteint , ou sur le point de l ’ être , il ne peut plus prétendre vous réchauffer pour longtemps , ni pouvoir reprendre avec la vivacité d ’ avant . En face , un soleil dans toute sa splendeur , accroché à son zénith , et vers qui nos regards , nos intérêts vont devoir nécessairement se réorienter plus sérieusement , mais surtout d ’ une manière plus réaliste et concrète . L ’ Algérie connait depuis quelque jours aussi un nouveau ministre en charge du secteur de l ’ Energie , sera t-il l ’ homme clé au cœur de la stratégie des renouvelables , élevés au pinacle de « priorité nationale » ? La question est d ’ autant tentante que le nouveau locataire du Val d ’ Hydra , a été au centre de la question du photovoltaïque depuis son lancement en 2009 en Algérie , et de toutes les initiatives dans ce domaine . En mars 2015 , dans une longue interview accordée à notre magazine OGB , le nouveau ministre de l ’ Energie insistait pour dire que « l ’ objectif réaliste à atteindre en matière de solaire et d ’ éolien en Algérie , se devait de se faire sur le moyen terme , un palier de cinq ans , qui permettra de connaître la destination des 22 000 MW prévues à l ’ horizon 2030 », et que dans sa vision , il faut introduire le plus grand nombre de renouvelable pour autant que cela soit économique , tout en étant en mesure de répondre au présent et de préparer le futur . Prise dans ce contexte , faut-il comprendre que cette nomination relève d ’ un recentrage du rôle et de la place de l ’ ENR dans le futur de l ’ énergie en Algérie , loin du dogme et des palabres ? Est-ce à dire que la question de l ’ ENR aborde un virage plus pragmatique , du moment que le nouveau responsable du secteur connaît les travers des projets mort-nés à l ’ instar de Desertec , de l ’ usine de Rouiba , et que les ENR sont encore et pour longtemps un appoint et qu ’ à elles seules , elles ne résolvent pas l ’ équation énergétique ? Est-ce aussi une manière plus raisonnable de ne pas sacrifier l ’ ancien pour le nouveau , au risque de perdre et l ’ ancien et le nouveau ? Quid aussi , de la question des énergies fossiles non conventionnelles pour l ’ Algérie ? A la lumière des évolutions futures , et du rôle sans cesse grandissant du gaz dans le mix énergétique du monde - COP 21 et consorts aidant -, la question ne peut encore souffrir de silence et des craintes de l ’ aborder . La menace de la perte de parts de marché pour l ’ Algérie notamment en Europe , du fait de la déplétion de nos gisements gaziers conventionnels nous interpelle tous sur le devenir de cette énergie , que certains à dessein ou sans raison cherchent à enterrer , même si elle l ’ est déjà et depuis des lustres lointains .
OIL & GAS business / NUMÉRO 16 / juin 2016 / 3