EDITORIAL
Par Redouane Malek
Le gaz algérien , entre pyramide de Ponzi et richesse de Crésus
Il aura fallu un Conseil restreint des ministres sur le gaz , pour que les conjectures les plus folles s ’ alarment sur le devenir de notre gaz , sur notre avenir sans gaz , mais aussi sur notre avenir avec ce même gaz , reste à savoir lequel . Comprendre entre les lignes du communiqué , équation géodésique après équation mathématique , que l ’ Algérie est condamnée à produire près de 200 milliards de m3 à l ’ horizon 2030 , pour prétendre encore assurer au gaz algérien des rentrées d ’ au moins 40 % au Trésor public , d ’ assurer une stabilité sans interruption à notre consommation intérieure , et , au-delà , suppléer obligatoirement à la fin de vie de certains méga-gisements par d ’ autres découvertes aussi majeures . Ceci pose le problème tu et évité parce qu ’ il fâche , de la part réelle attendue des ressources non conventionnelles en gaz , estimées aujourd ’ hui à 22 000 milliards de m 3 , un réel espoir pour demain , abhoré justement ou injustement aujourd ’ hui , mais à l ’ évidence inévitable dans pas si longtemps . Sans découverte majeure , sans gisement de grande valeur , sans technologie à même de permettre un gaz rentable commercialement , la question du gaz de schiste , sera elle aussi , inscrite autant que les ENR comme « priorité nationale » pour le pays , sans quoi la consommation intérieure du gaz sera supérieure à sa production elle même , et c ’ est en cela que l ’ Algérie connaîtra de plein fouet le syndrome de la Pyramide de Ponzi . A l ’ inverse , si la question autour de la problématique du gaz de schiste est réellement tranchée et l ’ environnement autour de cette question définitivement assaini , quitte à aller vers un référendum pour le faire , et de trancher les choix futures de « la survie gazière » du pays comme le permet pour cela la Constitution , ce sera comme cela , ainsi que le fut naguère Crésus avec ses richesses aurifères , que le pays s ’ éloignera du spectre de la déplétion définitive de ses ressources en gaz conventionnel . Le terrorisme de Daesh , grande menace contre la stabilité des hydrocarbures , ne cesse de prendre de l ’ ampleur en Libye , et les va t-en guerre , ne manqueront pas d ’ impacter directement les fondamentaux du marché . Une aggravation de la situation dans ce pays déjà dans le chaos , conduira encore à une nouvelle instabilité durable , dont le secteur de l ’ énergie peine à sortir après une longue convalescence , et l ’ Algérie ne sera pas épargnée dans cette partie . Marché , prix , accord , stabilité , régulation , stratégie , terrorisme , huile et gaz de schiste , des mots et des concepts hier canonisés , aujourd ’ hui travestis et instrumentalisés , et il est temps pour nous tous , de nous atteler à leur redonner la place qu ’ ils avaient et qu ’ ils ne doivent cesser d ’ avoir , et c ’ est en cela que le gouvernement algérien vient de lancer sa première « Action à dividende prioritaire / ADP » dans ce domaine . Sera-t-elle comprise ? Saura-t-elle drainer la mobilisation au delà des contingences politiques , des différences doctrinales et des aspérités politiciennes ? Ou alors , la légère remontée des prix , et l ’ optimisme d ’ un prix équilibré entre 50 et 70 dollars pour les mois à venir , fera de ce sursaut un banal aller simple ? A suivre , et de près .
OIL & GAS business / NUMÉRO 13 / Mars 2016 / 3