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Rue des Beaux-Arts n ° 79- Avril – Mai – Juin 2022
mondaine qui « devrait avoir la dignité d ’ une cérémonie ainsi que son caractère sacré . » 1 .
Mais , rien de ce que nous savons d ’ eux n ’ indique qu ’ ils aient noué ne serait-ce qu ’ une amitié de salon , même s ’ il est facile d ’ imaginer entre eux une des ces amitiés dont il ne reste trace , soufflée par le vent , mais qui restent vivaces dans l ’ esprit et le cœur de ceux qui les ont vécues .
Quant à l ’ influence d ’ Oscar Wilde dans l ’ écriture même de la Recherche du Temps Perdu , elle reste une énigme .
D ’ aucuns ont pensé le reconnaître dans le personnage de Charlus , mais c ’ est bien méconnaitre le personnage de Proust et la personnalité de Wilde que de les confondre .
Les détracteurs de Wilde ont suffisamment glosé sur ses défauts : la virilité sur jouée et le caractère atrabilaire n ’ ont jamais fait partie de la panoplie . Quant à la similitude des mœurs , la réduction à ce dénominateur commun est d ’ une banalité confondante .
La question du temps , elle , reste en suspend . On connaît l ’ influence d ’ Henri Bergson sur Proust et les liens d ’ amitié qui le liaient au philosophe . L ’ appréhension du temps et de la durée était alors un sujet de réflexion dans « l ’ air du temps ». Mais , là encore il s ’ agissait d ’ une approche subjective , non d ’ une volonté assumée
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The Picture of Dorian Gray , traduction d ’ Anatole Tomczak , édition Grasset et Fasquelle 2016
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