Rue des Beaux-Arts n ° 79- Avril – Mai – Juin 2022
PROUST VERS 1895 PAR OTTO WEGENER
Car , dès le début du roman , Dorian Gray est un passager clandestin du temps . Il ne pourra jamais être invité à un bal des têtes comme celui au cours duquel Marcel découvre le vieillissement des personnages qui l ’ ont accompagné tout au long des pages de la Recherche .
Si les deux œuvres , dans toutes leurs différences , pouvaient se superposer , il serait aussi question de portraits , et l ’ on pourrait mettre en regard l ’ apparition de Dorian et celle d ’ Albertine . Albertine apparaitrait toujours figée à travers l ’ embrasure de la fenêtre de l ’ atelier d ’ Elstir .
Mais Albertine ne reste pas ce fugace portrait de jeune fille dans un jardin fleuri , elle ne cesse de préciser ses contours puis de les perdre et d ’ en retrouver d ’ autres avant que de disparaître , en perpétuelle métamorphose , tandis que Dorian , est fixé dans l ’ instant de l ’ été naissant . Ce qui vaut pour Albertine , vaut pour tous les autres personnages , simplement , sa jeunesse et sa
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