n°78 | Page 57

Rue des Beaux-Arts n ° 78- Janvier – Février – Mars 2022
s ' agissait d ' une forme spéciale et limitée de beauté - une croissance frêle , ténue et malsaine , dans laquelle se manifestait le déclin et non l ' épanouissement des forces vitales .
Il eut rapidement de nombreux disciples , dont beaucoup issus des rangs des Philistins . Alors que Ruskin et Morris eurent , après de longs et patients efforts , rassemblé dix convertis , Wilde , par ses méthodes spectaculaires , en attirait cent ... Tout était une question de poses , de désirs , de soupirs et d ’ extases .
Ce tableau est un acte de complète méconnaissance . Mme Cruse a étudié les esthètes représentés dans un certain nombre de romans , et elle a confondu l ’ image et l ’ homme . En soi , cela n ’ aurait sans doute pas déplu à Wilde qui aspirait à une telle unité . C ’ est une image qui doit autant au monologue / esquisse " Le Poète " d ' Albert Chevalier qu ' à l ' idée importante formulée par Leonée Ormond selon laquelle c ’ est Wilde qui aurait repris certains aspects des caricatures de Du Maurier dans Punch , et non l ' inverse . Dès le 2 septembre 1876 , Du Maurier a vêtu d ’ une veste de velours avec des parements en soie matelassée et d ’ une culotte un certain « Boniface Brasenose » ( Leonée Ormond aurait pu faire remarquer que Brasenose College , Oxford , était le collège de Walter Pater ). Les tournesols apparaissent pour la première fois dans " A Faithful Guardian " ( 17 juin 1876 ), les lys en 1880 .
L ’ oeuvre de du Maurier date de la fin du Pré-Raphaélisme ( le lys apparait de façon fameuse dans « Le Bienheureux Damozel » de Rossetti en 1876 ) et du début de l ’ esthétisme pré-fin-de-siècle . Son premier dessin satirisant l ’ esthétisme parut en 1875 , en continuité
57