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Rue des Beaux-Arts n ° 78- Janvier – Février – Mars 2022
E n r e v a n c h e , i l y a e u objectivement une volonté partagée de le représenter sous les traits du pire . Le portrait que fit de lui de Toulouse Lautrec est une vision d ’ a r t i s t e , p e r s o n n e n e l e c o n t e s t e r a i t , q u ’ e l l e s o i t outrancière va de pair avec le style du peintre , mais pourquoi le même portrait de Robert Goodloe Harper Pennington est-il si peu mis en avant ?
Il y a dans le corps et la physionomie de Wilde les marques d ’ une stigmatisation qui nous interroge encore , surtout quand on la retrouve dans des illustrations contemporaines comme dans le roman graphique La divine comédie d ’ Oscar Wilde de Javier de Isus , qui , en dépit de ses évidentes qualités graphiques et narratives , reprend une dégradation exagérée du personnage .
Ce que l ’ on voit , c ’ est aussi ce que l ’ on juge . Le corps est encore insupportable du fait de sa manière insupportable d ’ être au monde . Comme si représenter Wilde , sous un jour favorable , ou du moins neutre , demandait la rançon de la difformité . Il y aura toujours une dimension que le
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