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Rue des Beaux-Arts n ° 76- Juillet-Août-Septembre 2021
Constance et les enfants en étaient réduits à quitter la maison comme des pestiférés chassés du paradis .
Car c ’ était bien ce que le 16 , Tite Street , avait été pour Wilde , une sorte d ’ enclave paradisiaque où il régnait en prince , aimé , admiré , entouré , et immergé dans un monde d ’ art privilégié fait à son image . Tout s ’ était fracassé en avril 1895 , alors qu ’ il n ’ y habitait déjà presque plus , tout occupé de ses amours avec l ’ irrésistible Lord Alfred qui allait l ’ entraîner vers sa chute .
Mais même après avoir visité les avant-postes de l ’ enfer , même après avoir tout perdu , et sans jamais avoir pu revoir Tite Street et ses belles maisons de briques rouges , Wilde , encore , pour finir sa vie , recherchera à Paris une terre des artistes où fleurit une bohème de peintres et d ’ écrivains , le quartier latin , qu ’ il avait tant aimé du temps de sa gloire , et il mourra à deux pas de l ’ Ecole des Beaux- Arts , dans une rue du même nom . L ’ Art , toujours , comme un leitmotiv érigé en règle d ’ or et dont il tissa sa vie , obstinément , jusqu ’ à mourir dans son ombre portée .
Danielle Guérin-Rose
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