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Rue des Beaux-Arts n ° 76- Juillet-Août-Septembre 2021
demandait les lumières de la capitale . Londres était la solution . Restait à trouver une adresse digne d ’ un esthète et d ’ un artiste .
Il disposait d ’ un peu d ’ argent qui lui restait des ventes des maisons de vacances de Bray , ce qui lui permettait de choisir son quartier dans l ’ ouest chic de la capitale . Il commença par partager avec un colocataire , le peintre Frank Miles , des appartements situés au 13 Salisbury Street , près du Strand , quartier de théâtres et d ’ hôtels luxueux ( on y trouve en particulier le célèbre Savoy ). C ’ était un immeuble de trois étages , dont Wilde occupait le deuxième et qu ’ il avait baptisé Thames House parce que ses fenêtres donnaient sur la Tamise . Ce premier domicile londonien , où Wilde rencontrait les « Beautiful people », jeunes beautés qui posaient pour Frank Miles , où il était devenu intime de la très recherchée Lillie Langtry , constituait pour Wilde un marchepied idéal pour se lancer dans le monde . En outre , il avait été rejoint par sa mère et son frère qui , ayant vendu la maison de Merrion Square à Dublin , étaient arrivés à Londres , établissant leurs quartiers près de Grosvenor Square , puis à Chelsea , au 146 Oakley Street .
Chelsea est le quartier des artistes , et c ’ est bientôt là que déménagent Oscar et son ami Frank , dans une rue qui reçut le nom de Tite Street en 1875 .
Chelsea n ’ avait pas toujours été un endroit à la mode , où se pressait la scène artistique londonienne . Avant 1860 , c ’ était un lieu boueux , délabré et mal fréquenté , colonisé par les marins et les prostituées . A l ’ époque même d ’ Oscar , il existait encore des enclaves qui tenaient plus du cloaque que d ’ un quartier élégant . Ainsi , à l ’ arrière de Tite
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