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Rue des Beaux-Arts n ° 76- Juillet-Août-Septembre 2021
La vie ricanait de son idéal ; la quitter fut une moindre peine mais il dut la quitter sur une défaite du corps et de l ’ esprit , entre reniements et faux espoirs . A mille lieues de la mort de Dorian , de Salome ou de la mort de Shelley , sa mort est accidentelle , une chute lente , atrocement lente , depuis le haut de la tour d ’ ivoire , jusqu ’ au sol pietiné par la foule morne et commune . Un accident qui enterine la legende mais ne signe pas l ’ oeuvre .
La cesure entre Oscar Wilde et Sebastian Melmoth est abominable .
Marguerite Yourcenar a consacré un essai , " Mishima ou la vision de Vide " à l ' entrelacement d ' une vie et d ' une œuvre qui mène inéluctablement à un paroxysme sanglant . Elle y écrit que le suicide de Mishima est son œuvre la plus aboutie et elle a fondamentalement raison au sens où cet acte a été préparé avec la passion et la minutie qu ' il portait à ses créations . Néanmoins , on peut s ' interroger si cet acte , aussi spectaculaire fût-il , s ' inscrit dans son œuvre d ' artiste .
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