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Rue des Beaux-Arts n ° 75- Avril-Mai-Juin 2021
C ’ est sans doute l ’ intérêt réel que Wilde porte au surnaturel qui confère à ses textes cette profondeur . Sa sensibilité particulière leur donne une dimension universelle et intemporelle . De fait , ces trois textes ne sont pas simplement des histoires fantastiques mais de véritables récits métaphysiques .
Cela dit , Wilde n ’ est pas un prédicateur et sa foi sincère , aussi bien en Dieu que dans le surnaturel , ne l ’ empêche pas de douter , et de rester maître de sa pensée .
Au travers de ses textes , comme dans sa vie , Wilde embrasse sa propre vérité , sa propre mystique . Son humour , son cynisme et son insolent esprit de contradiction s ’ expriment avec superbe dans ces histoires où le surnaturel sert de cadre à des questionnements existentiels , sans jamais apporter de réponses dogmatiques .
Ainsi , la vérité , aussi bien des personnages que des situations , demeure toujours insaisissable : Le fantôme de Canterville , qui apparaît au début comme une irritante nuisance , est en réalité un être en déshérence et profondément malheureux . Que s ’ est-il passé entre Virginia et Sir Simon ? Pourquoi ne veut-elle pas le révéler ? Qu ’ a-t-elle vu ou compris de l ’ autre monde ?
Lord Arthur Savile est un assassin , ce que tout le monde ignore . Podgers n ’ est il qu ’ un charlatan qui n ’ a rien vu dans la main du jeune homme , si ce n ’ est l ’ opportunité d ’ empocher une belle somme ?
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